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Oui, on peut faire une belle carrière en grande distribution sans avoir de diplômes

Les métiers du commerce ont la vie dure. Dévalorisés, jugés rapidement pour ces conditions de travail, faire carrière en grande distribution n'a jamais été un exemple pour les jeunes diplômés.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Ils sont nombreux à n'avoir qu'un Bac Pro, un Bac ou parfois rien et avoir gravi les échelons jusqu'à la direction d'un point vente. Bien loin des parcours acamédiques prestigieux que la société veut faire croire comme indispensable, ces professionnels ont fait leur arme dans le monde du commerce.

Témoignages de professionnels qui ont choisi le monde du commerce pour faire carrière.

Des évolutions possibles quel que soit le diplôme

La grande distribution est un tremplin pour ceux qui veulent faire carrière dans le commerce. Bien loin des idées reçues, tous n'ont pas forcément de diplôme ou le bagage académique qui va avec le statut : « en grande distribution, si vous en voulez et êtes courageux vous pouvez faire carrière dans la grande distribution bac ou pas bac. Beaucoup de directeurs de magasins ont commencé leur carrière en bas de l'échelle », explique notamment ce directeur de magasin.

Dans ce secteur, « tout le monde peut faire une belle expérience dans la grande distribution sans aucun diplôme », raconte ce professionnel qui s'est reconverti à 54 ans le secteur, « j'ai commencé en grande distribution à 54 ans en charcuterie fromage trad. J'ai rapidement eu la responsabilité du rayon, puis celle de la poissonnerie », explique-t-il.

Comme des plus jeunes, l'entrée dans le monde du commerce leur à donner de l'élan pour prendre des responsabilités, souvent avec un seul bac en poche : « j'ai un bac pro commerce et ça fait 12 ans que je suis en grande distribution », commente ici ce responsable adjoint et futur responsable de rayon.  «  J'ai à peine validé mon BTS MUC que je suis formateur interne et bientôt responsable fraîcheur ! », commente un autre. « J'ai juste un BEP, pas de BAC et j'ai appris sur le tas avec un super collège il y a presque 15 ans », termine un autre chef de rayon.

Pour d'autres, la carrière devient express : « je suis rentré à 22 ans avec un bac pro sur un temps partiel. Un an après je suis passé chef de magasin dans un 400m2 puis je suis maintenant directeur d'un magasin de 2000m2 sept ans après », sourit ce professionnel.

« En grande distribution, de belles évolutions sont possibles, quel que soit le diplôme. Les compétences et la motivation passent avant tout et ça vaut de l'or. Je suis responsable sans BEP ou diplôme dans le milieu de la vente », assure ici cette cheffe de rayon.

J'ai juste un BEP et 18 ans de carrière. Les diplômes ne veulent rien dire. Juste votre envie, votre rigueur et votre écoute suffiront pour la suite.

Faire carrière et être propriétaire d'un magasin même en partant de zéro

Si certains partent avec un certain diplôme et ont quelques bases du commerce apprises sur les bancs de l'école, d'autres assurent partir de plus loin : « la grande distribution m'a donné ma chance. Je n'ai aucun diplôme. J'ai 22 ans de métier. Avec mon expérience en rayon, je suis aujourd'hui responsable ELDPH depuis un an », sourit ce professionnel.

« Pour ma part, je n'ai qu'un bac et je suis gérante d'un carrefour contact. J'ai commencé comme hôtesse de caisse à mi-temps. Avec de la persévérance, des doutes et de la peur on peut y arriver. Je ne me suis jamais plainte. J'ai toujours eu de la passion pour ce métier malgré des hauts et des bas. Je me suis battu pour avoir ce que j'ai », raconte ici cette gérante d'un magasin.

«  Je n’ai même pas mon bac ! J’ai un CAP pâtisserie et bientôt avec mon conjoint nous aurons le privilège et l’immense fierté d’avoir notre propre magasin Netto », raconte ici ce professionnel en magasin.

Même histoire ou presque pour cette professionnelle : « j'ai un bac. Je suis arrivée en grande distribution pour un remplacement comme employée libre-service. Ensuite, j'ai travaillé dans tous les secteurs de caissières, à secrétaire, puis secrétaire de direction, cheffe de rayon, cheffe de département, puis directrice. En 20 ans, j'ai fini par être adhérente d'une enseigne notoirement connue », explique ici cette dirigeante de magasin, « pour en arriver là, forcément j'ai beaucoup travaillé et ma famille a dû faire des concessions. J'ai la chance encore de m'éclater dans mon travail et ça n'a pas de prix ».

Enfin, parcours quasi similaire pour ce gérant de deux magasins : « je suis titulaire d’un bac pro commerce depuis 1992. Je suis passé de responsable de rayon puis directeur de magasin en 1998. Pour finir, je suis aujourd'hui propriétaire de deux magasins de bricolage depuis 2019. Tout est possible dans ce métier, il suffit de travailler, travailler et travailler », raconte-t-il.

Moi, chef de rayon et « un peu l’homme à tout faire » en grande distribution
Par les temps qui courent et compte tenu de la situation de tension au sein des magasins, il y a un métier qui s’est transformé au fil des années. Ce métier, c’est celui de chef de rayon.

Des carrières parfois inenvisageables, faute de chance ou de reconnaissance

Derrière le tableau d'optimisme, certains regrettent pourtant ne pas avoir l'opportunité d'avoir été au bout de leur rêve : « j'ai beaucoup travaillé, mais malheureusement vous n'êtes pas toujours reconnu pour ce que vous faites. J'étais niveau 3 et toujours payé au SMIC. Je visais un poste de chef de rayon, mais l'enseigne où j'étais privilégiait souvent des jeunes sortis d'école qui ne connaissait rien au métier », déplore cet employé aujourd'hui retraité.

Car derrière ce lot d'histoires, il y a aussi des déçus : « il n'y a pas de place pour tout le monde et c'est normal », reconnaît ce directeur commercial.

« La grande distribution c'est un régal quand on aime le commerce. Il faut accepter les challenges au quotidien. C'est prenant psychologiquement, mais j'ai fini par demander à régresser, car je ne tenais pas la pression personnellement ».

Des qualités de résilience, de communication pour espérer gravir les échelons

« En grande distribution, ce ne sont pas les diplômes qui font la carrière. Ça dépend du travail et sans doute un peu de la chance. Mais si on se bat, qu'on montre son savoir-faire, on peut tout faire. Il faut se faire montrer et se faire valoir ou voir », assure ici ce chef de rayon.

Beaucoup de professionnels partagent ce point de vue : « tout dépend de tes capacités, de ta résilience et de ta communication ainsi que l'enseigne et sa politique de management. Mais oui c'est tout à fait possible de gravir les échelons », explique ici ce chef de rayon, passé d'agent logistique débutant à manager en 2 ans et demi ».

« Faire carrière en partant de rien, oui c'est possible. Il faut cependant quelques prédispositions : être curieux et apprendre vite sur le terrain , être dévoué à son entreprise et ne pas calculer le nombre d’heures travaillées  répondre présent quand il faut mettre un coup de collier… », assure ici ce chef de rayon tout en reconnaissant « nous ne sommes pas des chimistes, des aviateurs ou des ingénieurs… Il faut juste comprendre le fonctionnement général et particulier de chaque rayon et avoir le sens du commerce et de la relation client. Le métier en soir n'est pas bien sorcier et on ne se lève pas le matin pour sauver la planète ou défendre un pays, mais juste pour construire un chiffre d’affaires dans les règles dictées par un patron ».

« Pour réussir en grande distribution, c'est le travail, l'engagement et son implication qui feront pencher la balance. Le diplôme n’est pas un élément décisif dans une évolution. Pour ma part je suis passé employée commerciale en grande distribution avec deux mois de magasin à responsable de magasin fruits et légumes en location-gérance avec un DUT », souligne ici cette responsable.

Pour finir, « le diplôme aujourd'hui signifie de moins en moins dans la grande distribution et dans le monde du travail en général. Ceux qui réussissent ce sont ceux qui en veulent, qui ont la capacité de s'investir réellement, et qui ont la volonté de grandir et d'apprendre. Il faut aussi avoir quelques soft skills comme l'écoute, l'empathie... pas besoin d'avoir un bac+5 ».

Métier

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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