Le bilan inquiétant d'Auchan en 2023 (avec 379 millions d'euros de perte)

Baisse de chiffre d'affaires de 1,7%. 379 millions d'euros de perte. Les dirigeants d'Auchan Retail expliquent une année difficile pour l'enseigne.
Le bilan inquiétant d'Auchan en 2023 (avec 379 millions d'euros de perte)
379 millions d'euros de perte chez Auchan

L'enseigne de la famille Mulliez, Auchan, a vu rouge en 2023 (contre un bénéfice de 33 millions d'euros en 2022). Avec 379 millions d'euros de perte, la situation a de quoi inquiéter, mais la direction d'Auchan Retail annonce une année de transition pour espérer un rebond en 2024.

En 2023, le groupe affiche une baisse de son chiffre d'affaires de 1,7%, malgré la hausse des prix qui ont valu la croissance d'autres distributeurs (comme Système U +8,4% ou Intermarché +7,2%) . Le PDG d'Auchan Retail explique cette mauvaise santé pour deux raisons principales :

  1. l'inflation en France : cette hausse des prix et le manque de pouvoir d'achat des ménages ont eu raison de la consommation de biens non alimentaires (7 % à l'échelle du groupe). 
  2. et la mauvaise dynamique de ses activités en Russie et en Ukraine.

Inquiétude des salariés qui redoutent un plan social

Ces chiffres sont d'autant plus inquiétants que l'enseigne sort d'une récente passe d'armes qui lui a permis de faire l'acquisition des futurs ex-magasin Casino. Une embellie en soi pour le groupe qui se veut à un tournant stratégique de son Histoire. 

Toutefois, ces chiffres alternent sur le futur de l'entreprise qui peinent à rattraper son retard devant la croissance insolente des indépendants.

Du côté des salariés, l'inquiétude règne et beaucoup pointent des négligences : « certaines décisions ont fait beaucoup de mal à l'entreprise », alerte ici un salarié de l'enseigne, « on nous ajoute des procédures trop lourdes et les basiques du métier ont été oubliés », regrette-t-il. « L'ambiance sociale dans les magasins devient détestable. On voit bien qu'il règne une démotivation générale à cause de conditions de travail dégradées. Les cas de burn-out et d'absentéisme sont en nette augmentation et du côté de l'encadrement, le turn-over important », complète l'un d'eux comme pour pointer du doigt les 17 changements de dirigeants en 24 ans.

Autrefois réputé comme une excellente école de la grande distribution, réputée aussi pour sa politique sociale, l'enseigne peine à renouveler : « Auchan souffre d'une organisation trop verticale. La clé c'est de donner les clés au terrain, plus d'autonomie. Il faut moins de politique et plus de liberté individuelle », raconte ici un autre salarié.

2024 rimera peut-être avec un « vaste plan social en siège et au magasin », explique ici un autre salarié, « il faudra s'attendre à une réorganisation opérationnelle des hypermarchés. Auchan c'est Carrefour avec 5 ans de retard », résume-t-il.

Une stratégie pour rebondir en 2024

« Nous assumons [ces pertes], nos performances furent décevantes en 2023 mais c’est aussi l’année de la préparation de l’avenir », explique notamment Ludovic Delcloy, directeur financier de l’enseigne.

Pour 2024, l'enseigne entend redresser la tête. L’intégration d'ici l'été de nombreux magasins Casino est une première étape. Pour rappel, Auchan a racheté 70 supermarchés, 26 hypermarchés et 2 drives à Casino, dont le choix géographique n'est pas laissé au hasard puisque ces magasins ont été choisi pour leur croissance économique et démographique, à savoir le Sud-Est de la France, la région Rhône-Alpes et la région parisienne. « Nous sommes fiers de ce rachat, nous avons repris les meilleurs emplacements, car ce sont les magasins historiques de Casino, dans des bassins de population plutôt dynamiques et privilégiés », a expliqué le directeur financier de l'enseigne.

Auchan s'est aussi trouvé un allier de poids avec le groupement des Mousquetaires. Une alliance de 10 ans est évoquée. Cette alliance doit permettre notamment à l'enseigne de mieux négocier ses prix auprès des industriels de l'agroalimentaire.

Dans une projection à trois, l'enseigne espère atteindre les 10% de parts de marché en France (contre en dessous de 9% actuellement).