Dans une interview avec Claire Le Crenn, directrice du site Le Saint à Guipavas, nous revenons sur quelques préjugés sur la production et la consommation de produits frais. Dans un format vrai / faux, elle revient en toute transparence sur le marché des produits frais en évoquant les circuits-courts et les évolutions à venir de la filière. Elle y partage sa visio et son engagement une distribution plus durable et respectueuse des producteurs locaux.
Parmi les questions posées :
- C'est quoi un circuit-court ?
- Un acheteur connaît tous les prix des produits par coeur ?
- Un produit peut-il être récolté et livré le jour même en magasin ?
- La filière F&L doit-elle se moderniser ?
- Faut-il nécessairement digitaliser la relation grossiste/magasin ?
- L'automatisation devient-elle obligatoire ?
- Sait-on mesurer l'empreinte carbone d'un produit frais ?
- Une vision claire sur des spécialistes du frais et de la proximité en GMS.
Quand on raisonne circuit-court, on pratique la politique de l'escargot. Quand on ne trouve pas à proximité, on va chercher de plus en plus loin.
Le Réseau Le Saint, un réseau engagé pour le local
L'identité du Réseau Le Saint repose sur une approche locale. Comme le souligne Claire Le Crenn : « notre identité, c’est qu’on est le local de l’étape. On achète en priorité dans notre département qui est dans notre zone de chalandise ». Ce réseau de distribution favorise les circuits courts en travaillant principalement avec des producteurs locaux, permettant ainsi de réduire la distance entre le lieu de production et le consommateur final.
Cependant, cette politique locale ne se fait pas au détriment de l'offre disponible. Si un produit n'est pas disponible localement, le réseau applique ce qu'ils appellent « la politique de l'escargot ». Cette approche consiste à étendre progressivement la recherche de produits, en commençant par la région, puis au niveau national, et enfin, uniquement si nécessaire, en dehors de ces zones, comme c'est le cas pour des produits spécifiques tels que les agrumes, qui ne peuvent être produits localement - à Brest en l'occurrence.
Aujourd’hui, la main-d’œuvre, c’est compliqué d’avoir, c’est une vraie contrainte », Claire Le Crenn, directrice du site Le Saint à Guipavas
La Modernisation de la Filière Fruits et Légumes
Le secteur des fruits et légumes, comme beaucoup d'autres, doit s'adapter aux nouvelles réalités du marché. « La filière fruits et légumes doit se moderniser... comme toutes les filières », note notre interviewée. Si la digitalisation est inévitable et répond à une demande croissante des clients, il est crucial de maintenir le lien humain. « L’humain est au centre de tout. Digitaliser c’est bien, mais l’humain est important », insiste-t-elle. Ce savoir-faire et cette connaissance des produits sont au cœur de la relation avec les clients.
L'automatisation, de son côté, devient une nécessité pour pallier les difficultés liées à la main-d'œuvre dans les exploitations agricoles. « Aujourd’hui, la main-d’œuvre, c’est compliqué d’avoir... c’est une vraie contrainte », explique un des interlocuteurs, soulignant ainsi l'importance d'intégrer des technologies qui peuvent aider les producteurs à rester compétitifs.
Ce sont des métiers compliqués dont on a besoin. Il est important de prendre soin de nos producteurs », Claire Le Crenn
Optimisation et réduction de l'empreinte carbone
L'empreinte carbone des produits frais est un enjeu majeur. Même pour les produits locaux, « il est compliqué de mesurer l’empreinte carbone ». Cependant, des efforts peuvent être faits pour l'optimiser. Le réseau a mis en place une stratégie efficace pour réduire l'empreinte carbone liée à la distribution : « Quand on va livrer nos clients, au retour, nos camions s’arrêtent chez les producteurs pour ramasser la marchandise ». Cette optimisation logistique permet de ne pas rouler à vide et d'utiliser des camions au gaz naturel, réduisant ainsi l'impact environnemental.
Le rôle essentiel des producteurs
Un autre point crucial abordé lors de cette discussion est l'importance de soutenir les producteurs. Ces derniers font face à des défis croissants, notamment en termes de reprise d'exploitation et de viabilité économique. « Ce sont des métiers compliqués dont on a besoin. Il est important de prendre soin de nos producteurs », affirme Claire. Le modèle gagnant-gagnant qu'ils prônent repose sur une juste rémunération des producteurs, indispensable pour garantir la pérennité de la filière.
Le retour aux circuits courts et à une distribution locale est bien plus qu'une simple tendance. C'est une nécessité pour construire un système alimentaire durable, respectueux des producteurs et des ressources naturelles. En favorisant une approche locale, en modernisant les filières tout en maintenant l'humain au centre, et en optimisant l'empreinte carbone, ce réseau montre la voie à suivre pour une distribution alimentaire plus responsable et durable.