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« Chaque matin on croise les doigts pour qu’il n'y ait pas de nouveaux cas » : le fonctionnement des magasins est déjà perturbé

Les débats sont en cours. Alors que le gouvernement envisage de transformer le pass sanitaire en pass vaccinal, il est aussi évoqué que celui-ci pourrait être exigé aux clients des centres commerciaux et des grands magasins sur décision préfectorale.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

La rentrée 2022 est placée sous le signe de la menace de variant Omicron. Pour limiter sa propagation, le gouvernement entend déjà imposer le pass vaccinal pour entrer dans un centre commercial et les grands magasins. Pour l’heure rien d’officiel, mais les choses pourraient rapidement évoluer et avoir des conséquences directes sur le fonctionnement des magasins (car oui le télétravail y est quasi impossible).

Si l'obligation du pass vaccinal parvient à se concrétiser, les salariés des magasins concernés seraient en première ligne et devront justifier qu’un pass ou d’un justificatif d’engagement dans un schéma vaccinal pour se rendre au travail. Une décision qui inquiète dans un secteur déjà fragilisé par le manque de personnel et un taux d’absentéisme grandissant.

« Ce pass va devenir un problème pour le fonctionnement des magasins »

Beaucoup de professionnels en magasin, hôtesses, employés, managers, directeurs nous alertent déjà sur le sort réservé au fonctionnement des magasins concernant la situation vaccinale de leurs équipes : « aujourd’hui le PDG est passé dans les rayons pour nous souhaiter la bonne année tout en profitant pour demander si on était vacciné », explique ce chargé de la mise en rayon.

Si en soi la pratique n’est pas vraiment légale, secret médical oblige, la situation interroge déjà le top management au sein des supermarchés et hypermarchés de France : « en principe on le sait qu’on ne peut pas demander et on sait aussi que les salariés ne sont pas tenus de répondre », explique ce manager. En revanche, « loin de vouloir briser le secret médical », les adhérents cherchent « à anticiper l'adoption du texte » et donc une mise en place probable du pass dans l’enceinte de certains centres commerciaux.

La raison est évidente : identifier l’impact sur les équipes et chiffrer les besoins potentiels pour continuer à faire fonctionner le magasin en cas d’absence ou d’arrêt maladie forcé. « Oui, on est clairement dans une situation complexe », souligne ce directeur qui explique « vouloir anticiper les besoins en sondant la situation des salariés qui comprennent que le fonctionnement du magasin en dépend. On ne cherche pas à pister, mais si du jour au lendemain on a 30 salariés qui ne peuvent pas travailler, ça va poser problème ».

Pour anticiper, certains patrons offrent même des boîtes d’auto-tests aux salariés afin de prévenir au mieux les cas positifs dans leur magasin.

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Des organisations en magasin déjà fragilisées par les cas contacts

Mais avant que le pass vaccinal soit adopté, de nombreux magasins nous soulignent également que « c’est déjà l’hécatombe par endroit ». « Dans notre magasin E.Leclerc, les cas positifs tombent les uns après les autres. Les salariés considérés comme cas contact ne viennent pas bosser pendant quelques heures le temps de se faire tester. Certains sont absents quelques jours s'ils ont des symptômes. Niveau organisation c’est déjà compliqué alors que la rentrée ne fait que commencer », explique ce salarié.

Idem dans ces magasins : « nous comptons quelques cas en ce moment. C’est un peu la galère le matin, car il faut revoir toute l’organisation sans savoir parfois qui est là ou pas. Chaque matin on croise les doigts pour qu’il y ait pas de nouveaux cas », assure ici un responsable. « Chez nous c’est monstrueux. Tous les jours on compte de nouveaux cas », explique cette salariée qui préfère taire le nombre pour éviter la panique.

Même remarque avec ce manager : « on compte beaucoup d’absents et on est pratiquement tous cas contact », déplore-t-il, « à mon avis ce n’est pas fini. En magasin on survit comme on peut, heureusement que l’activité est plus calme après les fêtes ». « De notre côté, on craint le manque de personnes formées. Deux responsables du magasin sont déjà positifs et personne n’est vraiment capable de remplacer certaines tâches ».

Et comme il n’y a pas que les magasins, les Drives sont aussi fortement touchés : « la situation dans les drives est différente des magasins. On doit fermer des créneaux dès lors qu’on passe un certain nombre de commande », précise ce responsable dans un Drive.

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Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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