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Pourquoi (et comment) la folie du Quick Commerce s’empare de la grande distribution

Difficile de passer à côté de cette tendance forte en grande distribution. Le Quick Commerce, puisque c'est son nom, fait les yeux doux aux enseignes de la grande distribution, multipliant les acquisitions et les collaborations. La spécificité est pour le moment exclusive aux enseignes européennes.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Le Quick Commerce est à la grande distribution ce que Tesla est à l'industrie automobile. Une jeune pousse qui perturbe des économies vieilles de plusieurs années. Et force est de constater que compte tenu des fonds levés, le marché est bien là, bien que celui-ci soulève de nombreuses interrogations.

Pour bien comprendre, le Quick Commerce consiste pour les consommateurs à commander livrer leurs courses alimentaires avec la promesse de se les faire livrer en seulement 15 minutes à quelques heures. Ces jeunes entreprises s'appuient sur livreurs présents dans un périmètre restreint autour d'un entrepôt. Souvent à vélo ou en scooter, ils assurent le transport d'une commande contre une commission, ou pour certains une rémunération.

Le Quick Commerce ou la rencontre entre deux mondes aux ambitions communes

Le Quick Commerce est à la croisée de deux mondes dans le commerce alimentaire : d'une part des jeunes entreprises qui cherchent à disrupter un modèle vieux de plus de 60 ans en capitalisant à la fois sur l'immobilier urbain et une légitimité auprès des consommateurs ; et d'autre part, des enseignes de la grande distribution qui cherchent à la fois un modèle viable pour les prochaines années et le moyen de conquérir les grandes villes, toujours plus grandes et toujours plus complexes à desservir et donc aux densités de population croissantes.

Forcément, les rapprochements n'ont pas tardé.

En France, Carrefour s'est récemment allié avec les dark stores de Cajoo pour livrer avec Uber Eats. Le groupe Casino est entré au capital de Gorillas pour ses magasins Franprix et Monoprix. Depuis quelques années, Système U a noué un partenariat en 2020 avec La Belle Vie pour livrer en région parisienne.

En Angleterre, Tesco a récemment annoncé un partenariat commercial avec Gorillas avec l'ambition notamment de partager certains entrepôts de magasins à Londres. Et l'enseigne Morrisons a indiqué sa collaboration avec Deliveroo pour livrer des courses en moins de 10 minutes au Sud-Ouest de Londres.

Aux États-Unis, le marché est un peu plus complexe. Si les enseignes s'interrogent, ni Walmart, ni Target, ni Kroger, n'ont poussé la porte des dark stores (nom donné aux magasins servant d'entrepôts aux starts-up du Quick Commerce).

L’article pour comprendre comment le Quick commerce révolutionne la distribution alimentaire
C’est un sujet vraiment fascinant, car il est en train de bouleverser une économie âgée de 60 ans, celle de la distribution alimentaire. Le Quick Commerce alimente les doutes au sein des vieilles industries que sont les actuels supermarchés et hypermarchés.

Des collaborations justifiées pour préparer le commerce alimentaire de demain

Derrière la prouesse de livrer les courses en quelques minutes et malgré leur jeunesse (puisque souvent créées en plein milieu de la pandémie), les acteurs du Quick Commerce ont déjà des arguments à faire valoir : une présence immobilière via les dark stores, une communication résolument jeune et un marketing (très) agressif auprès des jeunes.

Les enseignes françaises et anglaises ont pour le moment réagi très rapidement dans un marché récent, mais aux perspectives réelles.

Ce qui fait la puissance de ce marché, c'est la capacité à séduire la nouvelle génération très enclin à utiliser ses services comme c'est déjà le cas depuis des années avec Deliveroo ou Uber Eats. Ainsi, les Gorillas, Flink et Cajoo séduisent facilement ses utilisateurs sur le terrain de la vitesse et de l'accessibilité.

Une consolidation du marché déjà en cours, mais toujours un manque de rentabilité

Malgré la récence des entreprises du Quick Commerce, le marché se consolide déjà.

Ces derniers mois, pour grandir et atteindre la rentabilité, les start-up misent sur les capitaux apportés par des investisseurs, une façon d'assurer l'hypercroissance avant, sans doute, de se mettre en vente ou de permettre des acquisitions au capital.

ll est fort probable également que les plus forts du secteur rachètent les plus petits pour se renforcer et restreindre le marché autour de 3 à 4 acteurs, un mal essentiel pour espérer une rentabilité.

Pour le moment, la rentabilité du modèle est en suspens. Mais quelle entreprise avec des ambitions pareilles l'est ?

Enseigne

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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