« J’ai refusé une promotion… et je le vis très bien ».

« J’ai refusé une promotion… et je le vis très bien ».

Dans les rayons, à la caisse, en réserve ou au siège, la question revient souvent :
Pourquoi vouloir "monter" dans la grande distribution, cette fameuse ascension sociale ? Est-ce l’envie d’évoluer, de s’épanouir professionnellement ? Une course à la reconnaissance ? Une nécessité financière ? Ou, à l’inverse, une charge mentale trop lourde pour un bénéfice perçu comme insuffisant ?

La vérité, c’est qu’il n’y a pas une réponse universelle, mais une multitude de vécus, parfois opposés, qui cohabitent au quotidien dans les grandes surfaces. Témoignages de nombreux salariés qui partagent aussi bien leur volonté d'apprendre, de faire carrière, que celle d'apprendre à ralentir et de rester à une place qui leur convient.

L’envie d’évoluer : un moteur sincère

De nombreux collaborateurs aspirent à des responsabilités pour ne pas rester enfermés dans une routine. Un chef de rayon l’explique ainsi : « J’aime les défis, j’aime apprendre. Être manager, c’est sortir de sa zone de confort. C’est stimulant », raconte-t-il. Une responsable de secteur ajoute : « Quand tu formes un saisonnier, que tu vois l’équipe progresser, que les indicateurs sont au vert… ça donne du sens à ce qu’on fait », s'enthousiasme-t-elle.

Dans ce secteur où les journées sont intenses et les situations imprévisibles, l'autonomie, l'organisation et la gestion humaine sont des compétences clés. Certains profils s’épanouissent pleinement dans ces fonctions.

Cela dit, tout le monde ne vit pas cette évolution de manière positive.
Un employé confie avoir accepté un poste de chef caisse pour 150€ de plus par mois. Résultat : « Je bossais plus, je gérais les conflits, j’avais les astreintes, et surtout… je n’étais jamais tranquille », regrette-t-il. Le gap était trop haut. Une hôtesse expérimentée tempère : « Sans faire de généralités, on donne souvent plus de responsabilités… sans donner les moyens qui vont avec. Ni humains, ni matériels. Et parfois, même pas de reconnaissance », déplore ici cette hôtesse.

La grande distribution est un secteur sous tension, où les équipes sont souvent sollicitées à flux tendu. Quand l’évolution s’accompagne d’une charge mentale trop forte, sans encadrement clair ou soutien, elle peut rapidement devenir contre-productive. Le ressenti sur le terrain est réel.

« Moi j’aime bouger, apprendre, gérer. En magasin saisonnier, j’ai des responsabilités pendant 6 mois. C’est intense, mais ça me stimule. J’ai de bons collègues, des patrons qui me font confiance. Je ne cours pas après l’argent : c’est le plaisir de bien faire et de voir les choses avancer qui me motive », un responsable de rayon saisonnier

Et la question du salaire ?

Le salaire est un levier incontournable. Pour beaucoup, l’envie de monter vient d’un besoin financier légitime : sortir du SMIC, améliorer son niveau de vie.
Mais certains regrettent une augmentation parfois peu significative au regard des nouvelles contraintes.

Cela dit, d'autres précisent : « Sur le long terme, un poste à responsabilité ouvre plus facilement les portes d'une progression salariale, y compris dans d'autres enseignes », ajoute ici un manager de rayon.

Dans certaines structures bien organisées, la montée en responsabilité est progressive et accompagnée, avec des formations internes et un suivi RH qui permettent de monter durablement en compétence. Cela facilité la rétention et fidélisation des promus qui peuvent se projeter à moyen terme dans leur responsabilités, et aspirer, pourquoi pas, à d'autres fonctions.

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Un sujet peu évoqué mais qui concerne de nombreux managers chaque année.
« À force de proposer des améliorations dans mon service, on m’a confié la réorganisation complète. J’ai accepté, motivé par l’idée d’avoir un impact. Aujourd’hui, je sais que je suis meilleur dans la gestion que dans mon métier d’origine. Mais ce genre de transition doit se faire avec du sens, pas juste pour cocher une case RH », un manager de rayon après une reconversion

Et si l’ambition, c’était aussi de rester là où on est bien ?

Parmi les nombreux témoignages, en grande distribution, tous ne cherchent pas à « monter ». Certains revendiquent leur poste sans volonté d’évolution hiérarchique. Une employée en caisse le dit simplement : « Je fais mon travail du mieux que je peux. J’aime mon équipe, je rentre chez moi tranquille, et ça me suffit », sourit-elle.

Dans un secteur où les rythmes sont parfois éprouvants, préserver un équilibre de vie est un objectif en soi, pas un manque d’ambition. C'est d'ailleurs un retour fréquent auprès de la nouvelle génération. Et comme le dit un manager expérimenté : « Il faut arrêter d’opposer progression et stabilité. Les deux ont de la valeur ».

La grande distribution offre des opportunités à qui veut s’investir, progresser, transmettre. Mais ces responsabilités doivent s’accompagner de reconnaissance, de moyens, de formation et ne jamais être imposées comme un passage obligé.

Refuser une promotion, ou préférer un poste stable, n’est pas un renoncement. C’est aussi une façon de rester aligné avec ses priorités personnelles.

Au fond, la vraie ambition, dans la grande distribution comme ailleurs, c’est peut-être simplement de trouver sa juste place.

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