Tous les deux ans, la loi impose un entretien professionnel. Mais pour Philippe Rovira, ce rendez-vous RH est bien plus qu’une obligation : c’est un moment-clé de management, souvent sous-exploité, qui permet de prendre du recul, de révéler des talents… et de renforcer la relation avec chaque collaborateur. On en parle dans notre série de podcast.
Trop souvent perçu comme une corvée
Philippe le constate : « Pour beaucoup, l’entretien pro, c’est une case à cocher. Une obligation RH, chronophage, souvent menée en retard. » Résultat : on le bâcle, on l’expédie, ou pire… on le subit.
Il insiste pourtant :
« C’est un outil puissant pour manager. Tu as 45 minutes, au calme, pour parler d’avenir, de sens, de projets. Ce n’est pas si fréquent dans notre métier. »
Et c’est une opportunité à ne pas manquer : « Tu peux repérer un talent, ajuster une trajectoire, désamorcer une lassitude, déclencher une formation… »
Un cadre simple, mais une vraie préparation
Philippe Rovira propose une trame claire et structurée :
- Le bilan : « Qu’est-ce qui a été fait depuis deux ans ? Quelles missions ? Quels succès ? Quelles difficultés ? »
- Les envies : « Comment tu te projettes ? Qu’est-ce que tu aimerais apprendre ? tester ? changer ? »
- Les besoins : « Quelles compétences manquent ? Quels freins identifiés ? »
- Les actions : « On repart avec un plan. Même simple. Mais concret. »
« Le collaborateur doit ressortir avec un cap. Et sentir qu’il a été écouté. »
Et pour que ça fonctionne, la préparation est clé. « Lire le dossier RH 5 minutes avant, c’est un manque de respect. Il faut relire les précédents entretiens, regarder les évolutions de poste, croiser avec les retours des managers terrain. »
L’entretien pro n’est pas l’entretien annuel
Beaucoup confondent les deux. Philippe clarifie : « L’entretien pro, ce n’est pas pour parler d’objectifs ou d’évaluations. Ce n’est pas ‘tu as atteint 92 % de ta marge’. »
C’est un entretien de parcours. Un échange sur l’évolution possible, sur les projets de mobilité, sur les envies de formation. Il peut déboucher sur des actions RH (VAE, CPF, bilan de compétences…) mais il doit surtout répondre à une question simple : « Comment je me sens dans ce que je fais aujourd’hui ? »