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« C'est une mascarade ! » : la grande distribution vent debout contre l'autorisation de vendre à perte le carburant

Pour lutter contre l'inflation et permettre aux consommateurs de faire quelques économies, la Première ministre Élisabeth Borne a évoqué la possibilité de vendre à perte - « à titre exceptionnel » - les carburants. Une mesure qui divise.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Voilà une annonce qui est loin de faire l'unanimité. Partout sur le Web, les chefs d'entreprise d'enseignes prennent la parole pour désapprouver l'annonce du gouvernement d'autoriser la vente à perte du carburant.

Et de mémoire, on a rarement vu autant de chefs d'entreprise (hormis les dirigeants d'enseignes) s'insurger sur une décision politique. Il faut croire que le sujet a atteint son plafond de verre et a sorti du silence celles et ceux qui vivent le commerce au quotidien.

Vendre le carburant à perte serait « irréelle, déconnectée et ridicule »

« C'est une mascarade », allume la première mèche ce chef d'entreprise d'un magasin U, « comment maintenir l’équilibre à zéro avec un tel déficit, peut-être par compensation, en répercutant des hausses sur les "boites de conserve" déjà frappées par l’inflation ? », complète-t-il ici.

Cette décision est « si irréelle, si déconnectée et si ridicule que personne ne peut tomber dans ce piège », déplore un autre associé U qui refuse de répondre à cette demande du gouvernement : « mon entreprise doit gagner de l’argent [...] pour payer mes 100 collaborateurs : leurs salaires, leurs primes, leurs participations aux bénéfices. Pour que leurs familles puissent vivre décemment ; [...] pour payer mes prestataires, mes partenaires, mes fournisseurs ; [...] pour soutenir des projets locaux, des associations, des clubs. [...] pour ayer les taxes et impôts qui rémunèrent le gouvernement et permettent même parfois de gaspiller de l’argent qui ne vous appartient pas », argumente-t-il.

Toutes enseignes confondues, le constat est le même : le commerce, au même titre que n'importe quelle entreprise, ne peut se permettre de vendre à perte un produit pendant 6 mois, de surcroit dont le prix est coté.

La grande distribution ne veut pas servir de vache à lait

Dans un contexte d'inflation, de nombreux efforts ont déjà été demandés à la grande distribution : panier antiinflation, produit à prix coutant, etc.

Pour de nombreux chefs d'entreprise du secteur, cette idée de vendre le carburant à perte relève d'un non-sens économique, « cette proposition, au-delà d’être méprisante est dangereuse », ajoute même un directeur d'une centrale régionale, « vendre à perte pour nos plus petits magasins les précipiterait dans des difficultés économiques irrémédiables », assure-t-il.

Cette décision relève aussi d'une déconnexion totale du gouvernement. Plutôt que de prendre la responsabilité de baisser les taxes (qui représente 60% du prix du carburant), l'État se décharge sur les entreprises du secteur privé, quitte à le mettre en danger plus qu'il ne l'est déjà.

Ces prises de paroles se multiplient et devraient continuer : « j’espère que toutes les enseignes et tous les acteurs de ce secteur vont prendre la parole de manière unie pour dénoncer cette absurdité », ajoute ici un confrère. Un autre de confirmer : « nous invitons nos brillants dirigeants à juguler l’inflation sur le fond, et non sur la forme par pure lumière clientéliste, celle qui fait que l’économie sombre doucement, mais surement un peu plus chaque jour… ».

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Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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