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4 bonnes raisons de voir un jour un mariage Carrefour-Auchan 💍

Pour l'instant c'est encore je t’aime moi non plus. En attendant la suite d'une Ă©ventuelle idylle.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

En 2021, l’idĂ©e d’un mariage Carrefour-Auchan a fait fantasmer de nombreux observateurs de la grande distribution.

Avec une telle opĂ©ration, les deux acteurs auraient sans conteste tout Ă  y gagner. Cela donnerait naissance Ă  un nouveau gĂ©ant du secteur et viendrait redistribuer les cartes dans un marchĂ© qui n’a pas connu de pareil mouvement depuis deux belles dĂ©cennies.

Pour l’heure, cette union ressemble encore Ă  un « je t’aime moi non plus » traduit alors - en tout cas de maniĂšre officielle - par une cessation des discussions. On doute fort nĂ©anmoins que les Ă©changes ne se poursuivent pas, car l’éclosion d’un futur gĂ©ant de la grande distribution en France donnerait un nouvel Ă©lan Ă  un secteur qui doit prĂ©parer son avenir.

Voici 4 bonnes raisons de voir un jour une union entre deux mastodontes de la grande distribution en France.

Re-devenir le numéro français et créer un Walmart Européen

PremiÚre conséquence d'une future alliance, cela donnerait naissance à un nouveau leader du marché.

En effet, en termes de parts de marché cela permettrait de dépasser (de justesse) l'actuel leader du marché E.Leclerc (21,9% de parts de marché sur les derniers chiffres de Kantar de mai 2022) : 9,9% de PdM pour Carrefour + 7,2% pour Carrefour Market + 2,8 pour Carrefour Proximité +6,5 pour Auchan Hyper + 2,1% pour Auchan Super = 28,5%.

Les conséquences sont évidentes. Cela pÚserait dans les négociations commerciales et permettrait de gratter quelques points de marge pour concurrencer le leader du prix en France, E.Leclerc.

Faire des Ă©conomies d’échelle pour investir en masse dans la digitalisation...

DeuxiĂšme raison.

Le secteur de la grande distribution ressemble Ă  une vieille industrie. Elle qui a connu ses heures de gloires Ă  la fin des annĂ©es 90, ces temples de la consommation doivent apprendre aujourd’hui Ă  se rĂ©inventer, d'autant que la vague numĂ©rique ne cesse de bouleverser les habitudes des consommateurs.

Pour réussir cette transformation, Carrefour a d'ailleurs pris les devants :

  • de un, en mettant Ă  exĂ©cution son plan de transformation ces 4 derniĂšres annĂ©es ; plan qui lui a permis Ă  la fois de renouer avec la rentabilitĂ© et de recoller avec une croissance semblable aux enseignes indĂ©pendantes ;
  • de deux, en faisant de l'innovation une prioritĂ© absolue, notamment sur les sujets de la DATA (avec Carrefour Links), de la logistique (via Exotec), ou encore plus rĂ©cemment dans le Web 3 (dixit les investissements dans le MĂ©tavers et les NFT) ;

Sauf que voilà, cette transformation n'est possible qu'en disposant de liquidités suffisantes. Le groupe Carrefour a dû faire quelques sacrifices sociaux pour renflouer ses caisses. Et le groupe Auchan a profité de la crise sanitaire pour supprimer en douce quelques emplois (hélas).

Un mal nécessaire pour continuer à exister.

... et pour moderniser son parc  d'hypermarchés

TroisiĂšme raison.

Les deux enseignes ne diraient pas non d'offrir une seconde jeunesse à leurs hypers. La manne financiÚre dégagée permettra à l'évidence de moderniser / rénover de nombreux hypermarchés qui portent encore les stigmates du temps qui passe.

Car ces hypermarchĂ©s sont un peu les cailloux dans la chaussure de ces deux mastodontes. Pourquoi ? Car d’un cĂŽtĂ©, leur frĂ©quentation est en baisse depuis des annĂ©es et leur rentabilitĂ© se dĂ©grade ; et d’un autre cĂŽtĂ©, ils constituent toujours la premiĂšre source de chiffre d’affaires des enseignes et sont des outils de nĂ©gociations auprĂšs de leur fournisseur.

Et oui, il n'est pas question encore d'abandonner les hypermarchés (loin de là), mais bien de limiter les pertes.

DĂ©velopper de nouvelles offres multicanales et faire face Ă  la concurrence de nouveaux acteurs

QuatriĂšme et derniĂšre raison.

Si le secteur doit se rĂ©inventer, c’est aussi car les consommateurs ont largement modifiĂ© leurs habitudes de consommation (la crise sanitaire est aussi passĂ©e par lĂ ). Ces derniers sont plus que jamais en attente de :

  • une offre multicanale (magasin + ecommerce + livraison Ă  domicile) ;
  • une offre plus locale et une volontĂ© de consommer plus responsable ;
  • une relation client toujours plus personnalisĂ©e ;

L’épisode du Covid n’a fait qu’amplifier cette transition poussant le secteur Ă  accĂ©lĂ©rer davantage leurs efforts.

Tout cela pour dire que les enseignes ont fort Ă  faire pour tenir le rythme de l'innovation, d'autant que de nouveaux acteurs viennent amplifier la concurrence :

  • Amazon dĂ©ploie aux États-Unis et en Angleterre des magasins sans caisse (le gĂ©ant amĂ©ricain n'a pas totalement dit non Ă  son implantation en France) ;
  • en Europe, les acteurs du Quick Commerce bouleversent la grande distribution avec des promesses de livraison extrĂȘmement rapides. PortĂ©e par des fonds d’investissement, ces starts-up - bien que dĂ©criĂ©es pour leur dark store - redessinent le paysage de la consommation alimentaire et font - feront - la concurrence dans les annĂ©es qui viennent aux enseignes traditionnelles.

Pour l'heure, rien ne semble acté et il faudra des mois pour mutualiser les actions, mais le sujet reviendra certainement sur le devant de la scÚne d'ici la rentrée.

Enseigne

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. PassionnĂ© par la transition numĂ©rique des entreprises. Consultant, formateur et stratĂšge en communication digitale pour la grande distribution.

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