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Le coronavirus transforme (déjà) la façon dont les Français vont consommer demain

Toutefois, il faudra s’attendre à de profonds bouleversements dans les mois et les années qui viennent.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Cela ne vous aura pas échappé, la France traverse une crise sanitaire de grande ampleur liée au Covid-19. En deuxième ligne de cette crise, le modèle de la grande distribution fait plus que jamais prévaloir son rôle central dans l’économie et dans la consommation des Français.

Le coronavirus a déjà modifié la vie quotidienne des Français. De profonds bouleversements sont déjà observables au sein des enseignes de la grande distribution et auprès des comportements des consommateurs. Quoi qu’il en soit, cette crise aura des effets immédiats, presque radicaux, dans la façon dont les gens vont consommer et dépenser leur argent.

Pour palier à cette crise, les acteurs économiques locaux rivalisent d’ingéniosité et de créativité. En seulement quelques semaines, les régions ont vu éclore de nouveaux services favorisant les circuits courts. Ces solutions, présentées souvent comme des alternatives à la grande distribution, séduisent les consommateurs qui se recentrent vers une consommation plus responsable et plus favorable pour l’économie de leur territoire.

Les modes de consommation sont en train d’évoluer

En seulement quelques semaines, la France s’est murée dans un silence presque profond. L’économie tourne à bas régime. Seuls les commerces jugés essentiels sont ouverts. C’est le cas notamment des commerces de proximité, des supermarchés et des hypermarchés. En parallèle, les drives drainent un fort trafic sur leur site web.

Ces changements apparents dans le comportement des Français vont engager une sortie de crise inédite pour la grande distribution et les industriels. Les choix de consommation vont s’orienter vers de nouveaux circuits, accentué par les nouvelles responsabilités que veulent porter les consommateurs. En ligne de mire, une baisse du pouvoir d’achat, un retour amplifié vers les circuits courts et une quête vers l’autonomie alimentaire.

Baisse du pouvoir d’achat des Français : l’augmentation des prix des matières premières pourrait bien être répercutée sur les prix aux consommateurs. Cette montée des prix à la caisse est réelle, ce qui pourrait avoir une incidence directe sur le pouvoir d’achat des consommateurs. (Source : France Info)

Lire aussi : Comment la crise va modifier la communication digitale de la grande distribution

La fermeture des commerces non essentiels a profité la grande distribution

Sans aucun doute, la grande distribution a profité en mars de la fermeture des commerces jugés non l’essentiel. Le chiffre d’affaires des enseignes en insensiblement augmenté.

En mars dernier, c’est d’ailleurs Système U et Intermarché, au maillage territorial et à l’ancrage rural important, qui ont bénéficié de cette ruée dans les supermarchés. Cette ruée a provoqué des hausses de chiffres d’affaires importantes au sein des enseignes.

De nouveaux aliments privilégiés par les consommateurs

Période de confinement oblige, les consommateurs se sont concentrés vers les produits de première nécessité : les pâtes, la farine, des produits d’hygiène telles que le papier toilette ou encore le savon. Les aliments transformés et les conserves sont également plébiscités.

Cette crise est l’occasion pour les Français de cuisiner. Ayant plus de temps, les organisations au sein des ménages s’en retrouvent ainsi profondément modifié.

Les consommateurs soutiennent l’économie locale et les circuits courts

En cette période de crise, les supermarchés bondés, malgré la régulation à l’entrée des enseignes, fragilise la sécurité des consommateurs. La crainte que demain les supermarchés et hypermarchés deviennent des lieux potentiels de contamination est réelles. Raison pour laquelle les consommateurs privilégient les lieux où la distance action sociale est respectée et où les contacts humains sont minimes. Ces arguments motivent les consommateurs qui sont encore plus soucieux que d’ordinaire sur l’origine des produits qu’ils consomment.

La crise est un révélateur auprès des consommateurs, celui de la compréhension du fonctionnement du système de l’économie alimentaire. Incontestablement le choix des Français se porte davantage vers les circuits courts. Le confinement est en train de modifier durablement les habitudes de consommation des Français, qui tendent vers une consommation en soutien à l’économie locale, l’emploi local et le dynamisme des territoires.

Cette prise de conscience est réelle. Elle risque d’ailleurs de s’installer dans les mois et les années qui viennent. Les Français voudront en effet conjuguer une alimentation basée sur les produits de qualité et de proximité. La consommation locale, et ce nouvel intérêt vers ces nouveaux circuits de distribution, a un rôle à jouer et une transition à aborder.

Ainsi, pour les consommateurs qui peuvent se le permettre, nombreux seront ceux à adopter des nouveaux modèles de distribution plus direct et plus court afin de favoriser la consommation des aliments locaux et de saison en cette période de crise.

Le boom des drives fermiers, symbole de la digitalisation à petite échelle

Le confinement a mis certains secteurs de l’économie alimentaire au pied du mur qui ont dû répondre à une nouvelle problématique : non pas celle de générer du chiffre d’affaires (même si elle est importante), mais celle plutôt celle de toucher des consommateurs localement par le biais de nouveaux outils numériques.

C’est le cas notamment des producteurs. Pour passer cette crise, ils ont dû s’approprier les codes du web dont ils n’avaient pas la maîtrise jusqu’à présent. Internet est devenu un pilier central pour proposer leurs produits. Cela constitue une aubaine pour permettre d’une part aux petits acteurs de se transformer et d’accélérer leur transition numérique et, d’autre part pour soutenir les producteurs fragilisés par l’absence des commandes régulières effectuées par les restaurants notamment.

Les drives fermiers s’apparentent à des marchés locaux mais dans leur version digitale. La crise économique a en effet privé de nombreux producteurs qui ont dû arrêter la vente sur les marchés traditionnels. Ceux qui rechignent encore à vendre leur produit à la grande distribution préfèrent en effet vendre leurs produits directement au consommateur via le canal du web.

Ces drives fermiers ont l’avantage de répondre aux exigences sanitaires soumises par les autorités actuellement. Ils permettent aux consommateurs de retirer leur commande en toute sécurité.

« Dans les circuits courts il y a un peu à retour à quelque chose de facile. Les valeurs du circuit courts c’est un retour à des valeurs plus simple, locale »Laure Giacherio, fondatrice de La Charrette

Des initiatives en région pour favoriser l’économie locale

Partout en France, des initiatives en région se multiplient. De nombreux producteurs proposent des formules permettant aux consommateurs de s’approvisionner. Organisés sous la forme de Drive, ces nouveaux circuits permettent aussi bien de gagner du temps que de se recentrer vers l’essentiel. Les produits proposés sont souvent de saison et selon les réelles capacités de production.

La Charrette, Le BlaBlaCar des producteurs

Une initiative comme La Charette mobilise aujourd’hui les producteurs en proposant une logistique en circuit-court. « Dans les circuits courts il y a un retour à quelque chose de facile. Les valeurs du circuit court c’est un retour à des valeurs plus simples, plus locales » précise Laura Giacherio, co-fondatrice de La Charrette, un service de co-livraisons entre producteurs.

« La relocalisation de l’alimentation a quelque chose d’assez futuriste » raconte l’entrepreneur. La plateforme à la capacité à mobiliser des producteurs locaux :  « le circuit court c’est l’après » commente également Laura, « notre solution numérique c’est le local du futur, c’est-à-dire qu’on utilise les outils qui existent aujourd’hui mais sur des concepts beaucoup plus simples de retour à la terre, au territoire, au local et à des valeurs plus simples ».

Ce confinement a permis à La Charrette de « prendre l’ampleur de l’explosion des circuits courts – à cause ou grâce au confinement ». « Nous réalisons presque 10 fois plus de ventes que d’habitudes » s’enthousiaste d’ailleurs Laura.

De l’autre côté de l’Atlantique, des initiatives émergent également et permettent aux consommateurs de récupérer des paniers de produits. C’est le cas notamment d’Underwood Family Farms, Altadena Farmers’Market ou encore Narrative Food. Les consommateurs américains modifient également la façon dont ils consomment en ces temps de crise.

Des changements de consommation durable et une économie à repenser

Difficile à imaginer que les habitudes après confinement vont changer du jour au lendemain. Sans tirer toutefois de conclusions trop hâtives, la crainte d’une deuxième vague en France pourrait inciter les consommateurs à garder les bonnes habitudes alimentaires prise pendant le confinement.

Cette crise rappelle à tout un chacun son rôle dans l’économie alimentaire. Elle a permis de démontrer l’omniprésence du modèle de la grande distribution, plus que jamais indispensable à la consommation des ménages. Indéniablement, cette crise va laisser des traces dans le comportement des consommateurs.

Pour autant, un autre phénomène pourrait même voir le jour, celle de la quête de l’autonomie alimentaire. Cette pandémie est l’occasion pour tous de réfléchir à ce besoin fondamental qu’est “se nourrir”. Il met définitivement l’accent sur les limites de l’économie actuelles.

Enseigne

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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