L'une des enseignes préférées des Français s'apprête à passer sous pavillon américain. Le fonds Apollo a signé un protocole d'accord pour racheter la participation majoritaire d'Ardian dans Prosol, principal fournisseur de Grand Frais. Une opération qui valorise l'entreprise entre 4 et 5 milliards d'euros.
Une belle opération pour Ardian
Sept ans après avoir investi 1,7 milliard d'euros pour acquérir 70% de Prosol en 2017, le fonds français Ardian s'apprête à réaliser une très belle plus-value. La valorisation actuelle de l'entreprise, estimée entre 4 et 5 milliards d'euros, témoigne de la trajectoire spectaculaire de Grand Frais sur le marché français de la distribution alimentaire.
Cette croissance n'a rien d'un hasard. En sept ans, le nombre de magasins Grand Frais a plus que doublé, passant de 130 à plus de 320 points de vente. Prosol, qui exploite près de 450 magasins toutes enseignes confondues, a engrangé un chiffre d'affaires de 4,2 milliards d'euros en 2024.
Apollo, un géant américain qui connaît la France
Le repreneur n'est pas un inconnu dans l'Hexagone. Apollo, valorisé à plus de 85 milliards de dollars en capitalisation boursière, a déjà investi près de 14 milliards d'euros en France depuis 20 ans. Le gestionnaire d'actifs alternatifs voit manifestement en Prosol un actif stratégique dans le secteur de la distribution alimentaire fraîche.
"Prosol est clairement un leader de catégorie dans la distribution alimentaire fraîche, avec une proposition client puissante et un modèle d'approvisionnement exceptionnel", a commenté Alex van Hoek, associé principal pour le Private Equity Européen chez Apollo.
Une continuité managériale rassurante
Comme souvent dans ce type d'opération, les actuels dirigeants resteront aux commandes. Denis Dumont, le fondateur, et Jean-Paul Mochet, le directeur général, réinvestissent dans l'entreprise aux côtés d'Apollo. Ce dernier a d'ailleurs évoqué "le début d'un nouveau chapitre passionnant" pour le groupe.
Cette continuité devrait rassurer les clients de Grand Frais, attachés au modèle unique de l'enseigne : des magasins de proximité aux allures de marché couvert, une obsession de la fraîcheur (certains producteurs ne peuvent sortir leurs salades de terre que 4 heures maximum avant le transport), et un fonctionnement en groupement d'intérêt économique (GIE) avec des professionnels indépendants à chaque rayon.
Vers une consolidation du modèle Grand Frais ?
L'arrivée d'Apollo pourrait marquer un tournant stratégique pour Grand Frais. Actuellement, l'enseigne fonctionne avec trois partenaires distincts : Prosol (fruits et légumes, crémerie, poissonnerie et une partie de la boucherie), EEF et Despi. L'acquisition par un acteur de la taille d'Apollo pourrait ouvrir la voie à une consolidation de ce modèle.
Au-delà de Grand Frais, Prosol opère également d'autres enseignes comme Fresh, La Boulangerie du Marché, mon-marché.fr, BioFrais, ainsi que Banco Fresco et Panfé en Italie. Un portefeuille diversifié qui offre de belles perspectives de développement.
Un succès qui ne se dément pas
Cette transaction intervient alors que Grand Frais continue de gagner des parts de marché malgré des prix légèrement supérieurs à la concurrence. L'enseigne pèse désormais 1,6% du marché français, mais surtout 6,8% sur son cœur de métier, les fruits et légumes, soit autant que Carrefour.
Son secret ? Un positionnement de "commerce de précision" focalisé sur l'ultra-frais, dans un contexte où les consommateurs français multiplient leurs lieux d'achat (9 magasins différents en moyenne, contre 7,8 en 2019) et privilégient la qualité alimentaire, même si cela implique de payer un peu plus cher.
La transaction devrait être finalisée au deuxième trimestre 2026. D'ici là, Grand Frais prévoit de poursuivre son expansion, notamment en reprenant une trentaine de magasins Gifi. Le changement d'actionnaire ne devrait donc pas ralentir la dynamique de l'enseigne, bien au contraire.
