Serge Papin dévoile ses premières mesures : intéressement immédiat, protection des PME et "taxe Shein"

Serge Papin dévoile ses premières mesures : intéressement immédiat, protection des PME et "taxe Shein"

Dans sa première interview en tant que ministre des PME, du Commerce, de l'Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d'achat, l'ancien patron de Système U a détaillé ce vendredi 17 octobre sur RTL les chantiers prioritaires qu'il entend mener.

Dans un nouveau costume, Serge Papin s'est présenté comme «le ministre du quotidien» lors de sa première intervention médiatique depuis sa nomination au sein du gouvernement Lecornu II. À 70 ans, le Vendéen qui a dirigé Système U de 2005 à 2018 arrive au ministère avec une «liste de courses» bien précise, qu'il dit avoir soumise à Sébastien Lecornu avant même sa nomination.

L'intéressement disponible immédiatement et non imposable

La mesure phare annoncée par le ministre concerne le pouvoir d'achat des classes moyennes. Serge Papin souhaite transformer radicalement le système d'intéressement actuel, jugé trop orienté vers l'épargne. «Ce que je voudrais, c'est qu'il y ait quelque chose de simple qui permette d'avoir tout de suite et maintenant un complément et que ce soit disponible pour la consommation», a-t-il expliqué.

Concrètement, le ministre veut rendre cette prime utilisable immédiatement par les salariés, sans qu'elle soit bloquée, et qu'elle ne soit pas imposable. Une ambition qui nécessitera toutefois des négociations avec Bercy, comme l'a reconnu l'intéressé : «Quand on est au service de la démocratie, ce n'est pas comme un comité exécutif d'entreprise».

En 2023, 8,9 millions de salariés avaient bénéficié d'une prime de partage de la valeur, touchant en moyenne 2 000 euros. Mais beaucoup ne la réclamaient pas dans les délais ou préféraient la placer pour éviter l'imposition. Le ministre espère rendre cette mesure opérationnelle «le plus vite possible», sans préciser d'échéance exacte.

Un traitement différencié pour les PME

Fidèle à ses positions défendues pendant son mandat à la tête de Système U, Serge Papin plaide pour un traitement spécifique des PME dans les négociations commerciales avec la grande distribution. Il souhaite notamment des périodes de négociations plus courtes et distinctes de celles des grands industriels.

L'ancien distributeur a également repris son «mantra historique» de la péréquation des marges, appelant ses anciens confrères de la grande distribution à modérer leurs marges sur les produits issus des PME pour favoriser leur vente.

La «taxe Shein» et le protectionnisme assumé

Sur le dossier brûlant des plateformes de commerce en ligne low-cost comme Shein ou Temu, Serge Papin n'a pas mâché ses mots. Interrogé sur l'accord entre Shein et le BHV, il a été catégorique : «Je pense qu'il fallait dire non».

Plus concrètement, le ministre soutient fermement l'application d'une taxe de 2 euros par produit importé via ces plateformes, mesure envisagée pour le 1er janvier 2026 dans le projet de loi de finances. «Il faut aller plus loin sur le protectionnisme», a-t-il résumé, assumant une ligne de défense du commerce local face aux importations à bas coûts.

Revitaliser les centres-villes

Autre priorité affichée : la redynamisation des commerces de centre-ville. Le ministre entend s'inspirer des initiatives locales réussies, notamment les foncières créées par certaines municipalités. «On peut trouver de l'argent des communes, l'argent de la Banque des Territoires, par exemple», a-t-il énuméré, proposant de modéliser ces dispositifs pour les généraliser.

Cette stratégie vise à offrir une alternative crédible au commerce en ligne dominé par les produits importés et à soutenir les commerces existants tout en facilitant l'installation de nouveaux.


Ancien rapporteur sur les relations entre grande distribution et fournisseurs (ses travaux ont inspiré la loi Egalim 2), passé par le conseil d'administration d'Auchan Retail International jusqu'en janvier dernier, Serge Papin apporte au gouvernement une expertise terrain du commerce et de la distribution. Reste à voir comment ses annonces se traduiront en mesures concrètes et quels arbitrages sortiront des discussions avec Bercy sur la fiscalité de l'intéressement.

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