Depuis plus de 10 ans, Phenix s’impose comme l’un des acteurs majeurs de la lutte contre le gaspillage alimentaire en France. Avec l’arrivée de Simon Baldeyrou à sa tête, l’entreprise entre dans une nouvelle phase de consolidation, d’optimisation… et d’ambition forte : revaloriser 100 % de la casse, dans tous les formats de distribution.
Un secteur qui change d’échelle (et Phenix avec lui)
« Phenix, c’est un des pionniers de la lutte contre le gaspillage alimentaire », rappelle Simon Baldeyrou. Aujourd’hui rentable, présente dans plusieurs pays et forte de 175 collaborateurs, l’entreprise est sortie de sa phase start-up. « On a atteint notre maturité. Je pense qu’on ne peut plus parler de start-up. On est rentable depuis 2023 », complète-t-il.
Le marché lui-même s’est structuré : « Aujourd’hui, toutes les enseignes s’emparent du sujet, avec des paniers anti-gaspi, des zones dédiées, des marques internes ou partenaires. »
Phenix propose une solution complète : pilotage du taux de casse net, stickage en magasin, optimisation des dons, valorisation des biodéchets. Le tout avec une finalité claire : « Notre métier, c’est d’améliorer le taux de casse net de nos clients. ».
Et le sujet est loin d’être anecdotique : « Il y a 10 millions de tonnes de produits gaspillés chaque année, soit 16 milliards d’euros. Le gaspillage alimentaire représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre. »
« Le gaspillage, c’est le miroir grossissant de toutes les erreurs dans la chaîne de valeur. »
Zéro déchet, revalorisation totale et pilotage par l’IA
Peut-on vraiment tendre vers le zéro déchet ? Pour Simon Baldeyrou, oui – à condition de penser en termes de revalorisation. « Le zéro déchet est possible si on revalorise tout. Ce n’est pas possible au départ, il y a forcément des produits invendus à taux plein. Mais notre métier, c’est de faire en sorte qu’il n’y ait plus rien dans les poubelles. »
Certaines enseignes partenaires atteignent déjà 90% à 100% de taux de revalorisation. L’enjeu est désormais de scaler ces bonnes pratiques, sans complexifier le quotidien des équipes magasin.
Phenix a donc lancé un label anti-gaspi, avec auditeur indépendant et évaluation annuelle. « C’est comme un examen. Il y a un auditeur qui passe, interroge les équipes, vérifie les process… Et il y a une vraie fierté collective dans les magasins labellisés. »
« Le label, c’est un miroir : il permet aux magasins de voir où ils en sont vraiment. »
Pour aller plus loin, l’entreprise mise sur l’intelligence artificielle :
« On développe des solutions pour dire, produit par produit : ce qui doit être mis en promotion, ce qui doit être remis en date courte, ce qui doit aller en panier ou au don. »
L’IA permet aussi de mieux prévoir, anticiper, corriger, sans pour autant rêver d’un pilotage parfait : « Il y aura toujours de l’aléa. Les distributeurs ne peuvent pas se permettre d’être en rupture, donc il y a forcément une marge. »
« Le gaspillage alimentaire, ce n’est pas juste une question de pertes économiques ou d’éthique. C’est un sujet systémique qui touche à l’organisation des magasins, à la logistique, à la formation des équipes et à la qualité du lien avec les associations. On ne peut pas éviter tous les invendus, mais on peut éviter qu’ils deviennent des déchets. Et notre mission, c’est précisément ça : revaloriser au maximum, donner du sens à chaque geste terrain, et faire en sorte que la grande distribution ne soit plus un maillon faible mais un moteur de la transition. »
Formation, dons, équipe : garder les pieds dans le réel
Au-delà des outils, Phenix continue de miser sur l’humain. L’équipe de coachs terrain forme, suit, accompagne. « Il y a beaucoup de turnover dans la grande distribution. Donc il faut de la formation, et il faut revenir régulièrement. »
Le volet social est aussi central : « 8 millions de Français sont en précarité alimentaire. Et 2,5 millions ont passé une journée sans manger dans les 15 derniers jours. »
Phenix améliore la logistique des dons, leur qualité, et la coordination avec les associations. « On augmente de 10 points la qualité des produits donnés. Et on réduit les achats que les associations doivent faire pour compléter. »
Simon résume : « On ne peut pas éviter tous les invendus. Mais on peut éviter qu’ils deviennent des déchets. Et ça, c’est notre mission. »
L’entreprise continue de croître, sans renier ses valeurs : « Nos valeurs – solidarité, audace, optimisme – sont très fortes. Et plus on grossit, plus notre maillage territorial permet à nos coachs terrain d’être présents. »