Leadership en grande distribution : inspirer, guider, agir

Leadership en grande distribution : inspirer, guider, agir

Suite de notre série autour du management en grande distribution avec Philippe Rovira où on décortique un mot galvaudé, parfois flou, mais pourtant essentiel au bon fonctionnement des équipes : le leadership. Ni posture autoritaire, ni simple aura personnelle, le leadership tel qu’il le conçoit est une combinaison de posture, de méthode et d’action concrète. Un levier clé pour faire grandir, motiver et embarquer une équipe, surtout dans un environnement aussi exigeant que la grande distribution.

Le leadership, ce n’est pas donner des ordres

Philippe Rovira est clair dès le départ :

« Le leadership, ce n’est pas un costume, ce n’est pas une fonction. C’est une posture ».

Il déconstruit l’idée que le leader serait forcément celui qui parle fort, qui décide seul ou qui impose sa vision. « On confond souvent leadership et pouvoir. Mais le leader ne s’impose pas. Il est reconnu comme tel. »

Le vrai leadership se mesure à sa capacité à faire adhérer :

« Tu es leader quand les gens ont envie de te suivre. Pas quand tu leur demandes. »

Manager ou leader : deux rôles, une complémentarité

Faut-il choisir entre être manager ou être leader ? Philippe tranche : « Le manager planifie, organise, contrôle. Le leader inspire, oriente, embarque. L’un ne remplace pas l’autre. Ce sont deux facettes d’un même rôle. »

Il met en garde contre deux déséquilibres :

  • Le manager sans leadership : « Il applique les process, mais n’embarque personne. Son équipe le suit par obligation, pas par envie. »
  • Le leader sans management : « Il a des idées, une vision… mais sans méthode ni rigueur. Et ça ne tient pas. »
« Le bon manager de demain sera un leader structuré. Et le bon leader sera un manager qui agit. »

Les qualités du leader : pas (seulement) du charisme

Interrogé sur les qualités qui font un bon leader, Philippe insiste sur des compétences humaines avant tout :

  • L’exemplarité : « Tu ne peux pas demander à ton équipe d’être à l’heure si toi tu arrives à 9h tous les jours. »
  • La cohérence : « Le discours doit être aligné avec les actes. Sinon, la confiance s’effondre. »
  • L’empathie : « Ce n’est pas être gentil. C’est comprendre les leviers de l’autre, s’adapter, écouter. »
  • Le courage : « Un leader assume, tranche, prend des décisions. Il ne fuit pas les conflits. »
  • La capacité à donner du sens : « Ce n’est pas juste dire quoi faire. C’est expliquer pourquoi. »

Et surtout :

« Le leader avance. Il donne l’élan. Il est dans l’action. On suit quelqu’un qui bouge, pas quelqu’un qui parle. »

Le leadership n’a pas d’âge (mais il demande du travail)

Peut-on devenir leader, ou faut-il naître leader ? Philippe est catégorique : « Le leadership s’apprend. C’est comme un muscle. »

Il cite des contre-exemples fréquents : « Certains jeunes ont une autorité naturelle, une vision, une capacité d’écoute. Et certains anciens, malgré leur expérience, ne fédèrent personne. »

Ce qui fait la différence ?

« L’envie d’apprendre, la remise en question, et le sens du collectif. »

Il encourage les managers à travailler leur leadership comme une compétence à part entière : se former, observer, expérimenter. Et surtout, sortir du mode automatique. « Tu ne peux pas être leader si tu te contentes d’exécuter. »

Concrètement, ça se voit où un leader ?

Philippe donne plusieurs signaux visibles de leadership sur le terrain :

  • « Il est présent, physiquement. Il ne disparaît pas dans un bureau. »
  • « Il communique, même quand c’est difficile. »
  • « Il valorise les réussites, même petites. »
  • « Il recadre quand il le faut, sans violence mais sans détour. »
  • « Il donne envie. Il donne du rythme. Il rassure. »

Et il conclut : « Tu sais que tu es un leader quand ton équipe avance, même quand tu n’es pas là. »

Le leadership, c’est du lien, du courage et de la constance

Ce dernier épisode boucle la série sur une conviction forte : dans un métier de terrain, de tension et de rythme comme la grande distribution, le leadership n’est pas un concept de consultant. C’est une posture quotidienne.

« Être un bon leader, ce n’est pas briller. C’est faire grandir les autres. »

Et comme toujours chez Philippe Rovira, tout revient à une question simple :
“Est-ce que les gens ont envie de travailler avec toi… ou juste parce qu’ils y sont obligés ?”