La France est divisée, mais ce n’est pas une affaire politique. C’est une affaire… de beure. Faut-il choisir le camp du beurre doux ou celui du beurre salé ?
Si le beurre doux reste majoritaire dans les rayons, le demi-sel progresse chaque année. Depuis 2024, une bascule s’opère : plus d’un tiers du beurre acheté dans les supermarchés français est désormais salé.
Les chiffres clés du beurre salé en France
Selon Circana, le beurre représente un incontournable des rayons de la grande distribution :
- 34% des ventes en volume : c’est la part que représente aujourd’hui le beurre demi-sel dans les magasins français.
- 81% en Bretagne : dans son fief historique, le débat n’existe même pas, le beurre doux est presque absent.
- 28% en Île-de-France : en région parisienne, le beurre salé grignote peu à peu du terrain, contre seulement 25% en 2021.
Cette tendance dépasse les simples frontières de la Bretagne. Si la région de l'Ouest de la France reste la terre promise du beurre demi-sel, le phénomène s’étend progressivement. Les habitudes changent, et les Français se laissent séduire par ce petit grain de sel qui transforme une tartine.
D'ailleurs, le phénomène ne s’arrête pas aux frontières de l’Hexagone. Dans le monde, la consommation de beurre explose, toutes catégories confondues. Mais en France, le débat entre beurre doux et salé devient presque aussi culturel que celui entre pain au chocolat et chocolatine.

Une histoire de sel… et de taxe
Pour la petite histoire, la passion bretonne pour le beurre salé ne doit rien au hasard. Au Moyen Âge, un impôt sur le sel, la fameuse gabelle, frappait le reste du royaume. La Bretagne, exemptée, a continué à enrichir son beurre de sel, quand les autres régions sont passées progressivement au beurre doux.
Résultat : plusieurs siècles plus tard, l’ADN breton est resté attaché au demi-sel, qui constitue encore aujourd’hui près de 90% de la consommation locale.
Techniquement, le beurre “demi-sel” contient entre 0,5% et 3% de sel, bien moins que le beurre “salé” autrefois utilisé pour la conservation. Mais ce petit supplément suffit à changer radicalement l’expérience gustative.
Certaines voix rappellent toutefois que l’augmentation de la consommation de beurre salé n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la santé, dans un contexte où les excès de sel sont déjà surveillés. Mais côté plaisir, difficile de détrôner la tartine demi-sel du matin.