Dans ce troisième épisode de notre série de l'été sur le podcast, Philippe Rovira s’attaque à un fléau silencieux : le micromanagement. Dérive fréquente en grande distribution, elle sape la confiance, étouffe les équipes et nuit à la performance. En parallèle, Philippe partage un cadre structurant pour manager autrement : les quatre intelligences clés d’un manager performant. Analyse fine, conseils terrain et retour d’expérience au programme.
Le micromanagement, un piège courant et toxique
« Il ne faut surtout pas sombrer dans le micromanagement », alerte d’entrée Philippe Rovira. Il en détaille les symptômes : obsession du détail, perfectionnisme excessif, manque d’écoute, verticalité, contrôle permanent et incapacité à déléguer. « C’est comme si ton manager posait son menton sur ton épaule pour surveiller chaque geste. C’est épouvantable, c’est d’ailleurs là qu’on fait des erreurs. »
Selon lui, le micromanager est souvent un éternel insatisfait : « Les objectifs sont irréalistes, la reconnaissance du travail est absente. » Ce style de management génère de la démotivation, de la désolidarisation, voire du rejet total. « Il a du mal à gérer ses émotions, affiche une supériorité, pense tout savoir… Ce manque d’humilité ne favorisera jamais l’engagement. »
Pourquoi tombe-t-on dans ce piège ? « Par manque de confiance dans son équipe. On veut imposer sa façon de faire, refuser qu’on procède autrement. »
Et les conséquences sont réelles : « Pour les nouvelles générations, c’est inacceptable. Elles partent dans l’heure. » Philippe donne une recommandation sans détour : « Si le micromanager n’écoute pas, ne change pas, alors il faut changer de boutique. C’est insupportable. »
Les quatre intelligences du manager performant
Pour éviter les dérives autoritaires et construire une posture équilibrée, Philippe Rovira propose un autre modèle : celui des quatre intelligences complémentaires que tout manager devrait développer.
1. Intelligence émotionnelle : comprendre et maîtriser
« C’est la capacité à identifier ses émotions, à les analyser, à les utiliser à bon escient. » Et surtout, à capter celles des autres : « Cela passe par de l’écoute active, une attention réelle à la communication non verbale. » Il ajoute : « L’empathie permet de mieux comprendre les situations, de mieux accompagner. C’est l’intelligence du XXIe siècle. »
2. Intelligence relationnelle : créer du lien et bien communiquer
Le manager performant sait établir des relations solides avec toutes ses parties prenantes : équipe, direction, pairs. « Il sait choisir le bon canal, transmettre la bonne info, au bon moment, avec la bonne forme. » Un exemple parlant : « Si tu délègues un relevé de rupture à un collaborateur mais que tu restes vague… tu le mets en difficulté. »
3. Intelligence collective : faire du 1 + 1 un 3
Le manager devient animateur d’une dynamique d’équipe. « Ce n’est pas une somme d’individus. Il faut viser la synergie : coordination, complémentarité, partage. » Et il cite : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »
4. Intelligence situationnelle : adapter son style au contexte
C’est selon Philippe l’intelligence la plus stratégique : « Savoir adapter son management à la situation, au profil, au moment. » Il insiste : « Dans la même journée, tu peux passer d’un style directif à une posture d’écoute profonde, puis à une animation participative. »
Et cela suppose de connaître parfaitement son équipe. « Il faut identifier les profils, les attentes, les leviers de motivation. Et adapter sans créer de favoritisme. »
Des outils pour mieux manager : DISC et synergologie
Pour aider les managers à mieux comprendre leurs équipes, Philippe partage deux outils puissants :
- Le DISC, une grille de lecture des personnalités (dominant, influent, stable, conforme). « Cela permet d’adapter son management mais aussi d’assigner les bonnes missions aux bons profils. »
- La synergologie, qui décode la communication non verbale. « 93 % du message passe en dehors des mots. Si tu ne regardes pas, tu passes à côté. »
« Le manager du futur ne sera pas le plus technique. Il sera le plus humain, le plus adaptable, le plus à l’écoute »
Rester solide dans un environnement complexe
Face à la multiplicité des profils (jeunes, saisonniers, expérimentés), Philippe rappelle un principe fondateur : « L’humain est la chose la plus difficile à manager. Gérer une commande, ça s’apprend. Gérer un individu, son humeur, ses attentes, c’est autre chose. »
Comment ne pas s’effondrer ? Il insiste sur l’apprentissage permanent : « Il ne s’est pas passé une journée dans ma carrière sans que je me remette en question. »
Et surtout : « On fait tous des erreurs. On apprend. On se relève. Mandela disait : ‘Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends.’ »