Face à la transformation rapide du secteur, le rôle de chef de rayon n’a jamais été aussi stratégique. Philippe Rovira, expert du retail et auteur du livre Gérer un rayon, partage dans ce premier épisode de la série ses convictions sur ce que doit être un manager en 2025.
Pour ce premier épisode, on pose les bases :
➡ Quelles sont les qualités clés du manager en 2025 ?
➡ Comment s’adapter aux attentes des générations Y et Z ?
➡ Pourquoi la bienveillance, l’agilité et l’humilité ne sont plus des options ?
➡ Comment adopter une posture d’entrepreneur quand on gère un rayon ?
Comprendre les attentes : un management à la croisée des générations
« En 2030, la génération Y et Z représentera 75 % de la population active », pose Philippe Rovira. Une donnée clé qui pousse les entreprises à adapter leur style de management. « Aujourd’hui, on ne peut plus manager comme il y a dix ans. Il faut évoluer avec son temps. »
Pour cela, il identifie plusieurs piliers fondamentaux du management moderne :
- L’objectivité : « Ce n’est pas toujours évident, mais il faut évaluer de manière factuelle et prendre des décisions sans se laisser aveugler par ses convictions. »
- L’équitabilité : « Il faut le même nombre de samedis travaillés, les mêmes règles pour tous. Même dans les salutations du matin, on ne peut pas ignorer certains. »
- L’authenticité : « Un manager qui dit blanc devant l’équipe et noir à la direction, ça ne passe plus. »
Exemplarité, humilité et agilité : les nouvelles règles du jeu
Philippe Rovira insiste particulièrement sur l’exemplarité : « Si tu imposes des règles, tu dois être le premier à les appliquer. » Il illustre cela avec une anecdote concrète : « Un manager me reprend sur mes chaussures de sécurité… alors qu’il n’en portait pas lui-même. »
Vient ensuite une valeur centrale : l’humilité. Pour lui, le manager doit se considérer en apprentissage permanent. « Ce qui marchait il y a dix ans peut ne plus fonctionner aujourd’hui. Il faut remettre en question ses acquis. »
Cette posture s’inscrit dans une capacité à être agile. « L’agilité managériale, c’est savoir casser des choix qu’on pensait durables. Ne pas bouger, c’est risquer de prendre du retard. » Un manager moderne doit donc faire preuve de souplesse, lire son environnement, être à l’écoute et réactif face aux mutations.
Un chef de rayon devenu entrepreneur
Le rôle de manager s’élargit bien au-delà de la gestion des plannings. Philippe Rovira le rappelle : « Le chef de rayon est devenu un entrepreneur dans le magasin. Il gère un centre de profit. »
Il souligne notamment la montée en compétence des équipes terrain : « Aujourd’hui, un gestionnaire de rayon peut gérer ses promotions, ses fournisseurs, ses réimplantations. Ce n’était pas le cas il y a dix ans. »
Et cela va de pair avec la posture managériale : « On quitte la figure du petit chef pour aller vers celle d’un leader ouvert, bienveillant, capable de fédérer. »
La qualité clé : la bienveillance (avec fermeté)
Lorsqu’on lui demande quelle est la qualité n°1 du manager moderne, Philippe Rovira répond sans hésiter : « La bienveillance. »
Il précise : « Attention, bienveillance ne veut pas dire dire oui à tout. Comme le disait un de mes premiers patrons : ‘Il faut une main de fer dans un gant de velours’. » Autrement dit, fixer un cadre clair, appliquer les règles, mais toujours avec respect, écoute et diplomatie.
Un style de management d’autant plus crucial que « les nouvelles générations ne supportent plus le ton condescendant. Un manager qui crie ou impose sans écouter, c’est la garantie de voir le salarié rendre sa blouse immédiatement. »
Une posture d’ouverture, même vis-à-vis des plus jeunes
Autre point marquant : la capacité à s’ouvrir aux idées venues d’ailleurs, y compris de profils débutants. « Un alternant ou un stagiaire peut pointer un problème que le manager ne veut plus voir. Peut-être parce qu’il n’a pas le temps de le traiter. »
Pour Philippe Rovira, l’enrichissement du travail passe aussi par la reconnaissance des talents : « Si un salarié est structuré, rigoureux, pourquoi ne pas l’impliquer dans une nouvelle procédure ? C’est ça, donner du sens, enrichir le quotidien. »
Manager, c’est inspirer (et ne jamais cesser d’apprendre)
Ce premier épisode donne le ton d’une série passionnante sur le management en grande distribution. Avec pédagogie, anecdotes concrètes et convictions fortes, Philippe Rovira rappelle que manager, c’est incarner.
Et que dans un secteur en transformation constante, les meilleurs leaders sont ceux qui savent conjuguer rigueur, vision, écoute et agilité. « Le management, c’est le nerf de la guerre », conclut-il. « Un bon manager attire les talents, fidélise les équipes, et donne envie de venir bosser tous les jours. »

Magazine 100% Digital
Au programme de cette édition : 40 pages pour comprendre où va le commerce et comment le métier de chef de rayon évolue. Un regard de la grande distribution, vue du terrain, avec des chiffres clés, des témoignages bruts : dans ce magazine, on raconte le quotidien d’aujourd’hui et on explore les enjeux de demain.