Dans le sillage de l’engagement de Stéphane Benhamou que nous avons reçu sur le podcast, ses équipes ont été les premières dans la grande distribution à transformer leur structure en société à mission.
Aux manettes de cette mutation : Annelise Arouch, ingénieure agroalimentaire et responsable qualité et RSE des magasins U du groupe PacaParticipations, elle raconte comment cette transition, bien plus humaine qu’administrative, a été pensée, portée, et surtout vécue sur le terrain.
Société à mission en grande distribution : une conviction personnelle et un projet collectif
C’est en 2019, avec la loi PACTE, que la notion de société à mission entre dans le droit français. Mais pour Annelise, ce n’est pas qu’une définition juridique. C’est une réponse à un vécu : « Quand j’étais plus jeune, dans les réunions où je représentais la grande distribution, je m’en suis pris plein la tête. On nous accusait de tuer les petits fournisseurs, de détruire l’environnement. Mais ce n’était pas ce que je vivais sur le terrain », raconte dans un premier temps notre invitée.
Pour elle, inscrire cette démarche dans les statuts permet de « prouver que ce qu’on fait n’est pas du pipo, c’est contrôlé, et c’est vrai ». C’est aussi une façon de « valoriser le travail de nos équipes, et de leur donner du sens au quotidien ».
Tout commence par une discussion avec son dirigeant :
« Un matin, monsieur Benhamou m’a dit : on n’est pas simplement des commerçants, on a un rôle social, environnemental. Il faut que ce soit reconnu au plus haut niveau ».
Elle accepte de porter le projet, à condition qu’il ne soit pas conçu « dans la tête d’un seul », mais qu’il sorte « des tripes des collaborateurs ».
Avec l’appui d’un cabinet spécialisé, Annelise initie une série de groupes de travail dans tous les magasins. Le but : identifier les valeurs communes, écrire une raison d’être, formuler des engagements. « On a mis du temps à comprendre que la société à mission, ce n’est pas faire de la RSE améliorée. C’est une réflexion sur la manière dont notre activité commerciale impacte la société et l’environnement », poursuit-elle.
L'enjeu clé : mobiliser, transmettre, transformer
L’un des grands enjeux, pour Annelise, est d’embarquer tout le monde. « C’est un projet profondément humain, pas juste administratif. Ce qui prend du temps, ce n’est pas la paperasse, c’est de faire adhérer ». Et le scepticisme ne vient pas forcément d’où on l’attend : « Les collaborateurs nous ont suivis assez naturellement. Les plus sceptiques, parfois, ce sont certains managers. Parce que pour eux, faire de la distribution, c’est faire du commerce », souligne au micro du podcast.