« Rassembler autour de la table des acteurs qui sont impliqués aux différents maillons de la chaîne », Antoine Clapier, Président de Distro
Cet extrait de notre échange avec le Président de Distro, Antoine Clapier, montre déjà comment la société coopérative aborde le retour de la consigne. L’origine de cette vision associative est née, en 2015, de plusieurs producteurs, dont un tandem formé par La Brasserie du Bout du Monde d’Olivier Lallemand et un cabinet d’études. Notre interlocuteur et sa sœur reprennent le projet vers fin 2020. Encore aujourd’hui, Distro respecte et perpétue cette dimension sociale de la mutualisation en permettant aux petits acteurs de faire autant que les autres.
Dans cet épisode, nous abordons cette approche citoyenne pour un retour efficace de la consigne, en plus de :
- la genèse et la philosophie de Distro ;
- le marché actuel de la consigne ;
- les projets de Distro.
Distro : projet entrepreneur et citoyen
Distro est une filière bretonne de réemploi des bouteilles en verre. S’il fallait résumer sa mission, ce serait : aider les acteurs (bretons) du monde de la boisson à se remettre à la consigne. Mais c’est encore Antoine Clapier, Président de Distro, qui parle le mieux des objectifs des coopératives :
- fédérer les acteurs opérationnels (producteurs de boissons, embouteilleurs, distributeurs, fournisseurs d’étiquettes, transporteurs, etc.) et acteurs de soutien (collectivités, citoyens, etc.) ;
- organiser pour mettre en place les modalités opérationnelles (logistique, solutions de lavage, etc.) ;
- gérer le flux de consigne et le développer.
Là où Distro se démarque, c’est son application du modèle coopératif. Comme l’explique Antoine Clapier : « La philosophie d’une coopérative, c’est de donner des moyens conséquents que ne pourraient pas développer les acteurs seuls ».
Le marché de la consigne
Difficile de parler de la mise en place de la consigne sans s’intéresser à l’état du marché. Pour nous éclairer sur le sujet, Antoine Clapier se base sur ses analyses et nous délivre une explication en 3 points :
- De plus en plus de producteurs et de distributeurs se penchent sur le sujet ;
- Les consommateurs ont des attentes et doivent composer avec l’inflation et la réalité économique. Pour reprendre ses termes : « Demain, une bouteille recyclée va coûter cher. » Un constat qui se fonde sur le processus de recyclage qui inclut une refonte les bouteilles à haute température, ce qui engendre une dépense énergétique conséquente ;
- La peur des distributeurs et des consommateurs de rater le virage de la consigne. Surtout que dans un futur proche, la loi imposera le réemploi.
Pour convaincre, Distro n’a donc qu’à avancer :
- La promesse de valeur alors même que la consigne n’est pas encore obligatoire, ce qui génère de l’attrait ;
- La fidélisation après l’achat d’une première bouteille ;
- La boisson avec un prix d’emballage plus maîtrisé.
En prime, Antoine Clapier nous partage un conseil pour les enseignes qui ne savent pas par quoi commencer : miser sur la nature des produits pour commencer à générer une habitude de consommation. Pour débuter, il est donc plus judicieux de se tourner vers les produits du quotidien comme le jus, l’eau minérale, le lait ou la bière.
Les projets de Distro
Au niveau des producteurs et des embouteilleurs, Distro cherche et répond les/aux demandes des acteurs, quelles que soient leurs tailles. Côté distributeurs, notre invité nous cite comme exemple le travail qu’il fait avec 4 magasins franchisés Carrefour ainsi qu’une quarantaine de magasins Biocoop (une cinquantaine d’ici la fin d’année).
Mais de manière générale, Distro construit son futur dès aujourd’hui. Elle entame notamment des réflexions sur les alliances nécessaires pour pouvoir peser sur ce secteur qui se cherche et qui se développe. La coopérative se penche notamment sur les enjeux de volume, de concurrence et géographiques.
Des analyses qui doivent être réalisées pour pouvoir faire face à l’effet de concentration quasiment inévitable que subiront de nombreux acteurs sur ce marché.
Et comme le dit si bien Antoine Clapier : « C’est plutôt un marathon et pas un sprint. »