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E. Leclerc de Saint-Grégoire

Comment E. Leclerc de Saint-Grégoire a obtenu son label anti-gaspi (et tend à consommer autrement)

L’anti-gaspi, un enjeu du quotidien pour le E. Leclerc de Saint-Grégoire.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Engagé depuis 2015 dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, l’hypermarché rennais est récompensé de ses efforts par Phenix et son nouveau label national anti-gaspi. Trois étoiles lui sont attribuées, soit le niveau le plus élevé. On vous explique comment le magasin a adopté cette démarche avec succès.

La volonté du E. Leclerc de Saint-Grégoire de réduire le gaspillage alimentaire ne date pas d’hier : cela fait déjà quelques années qu’il conduit des actions visant à limiter le gâchis. Dans un premier temps, un processus local a vu le jour. Des produits ont été donnés à plusieurs associations comme l’épicerie solidaire de la commune ou encore les Restos du cœur. « Il y a eu ensuite une envie de professionnaliser ce sujet, primordial et pas seulement dans l’air du temps. On a donc décidé de prendre contact il y a huit ans avec Phenix, entreprise spécialisée dans l’anti-gaspi », explique le directeur du magasin Christophe Allain.

Phenix, start-up française créée en 2014, propose notamment une application utilisée par cinq millions d’inscrits. Ces derniers peuvent acheter à prix réduits, des paniers-surprises de produits dont la date limite de consommation arrive bientôt à échéance. Pas de pertes, les invendus sont donnés : Phenix se charge de la connexion entre les professionnels comme les grandes surfaces ou les producteurs d’un côté, et les associations caritatives de l’autre. C’est tout naturellement qu’un label anti-gaspillage national a été imaginé par la structure pour récompenser les bons élèves dont fait partie aujourd’hui le E. Leclerc de Saint-Grégoire.

Un système vertueux pour tendre encore un peu plus vers le « zéro déchet alimentaire »

Pour tenter de conserver les trois étoiles du label anti-gaspi de Phenix décrochées en début d’année, c’est-à-dire la plus haute distinction, Christophe Allain et ses équipes poursuivent leur travail de fond. Tout en garantissant une traçabilité des produits, le magasin a réduit sensiblement son taux de casse nette : « tout ce qui peut être détérioré dans un point de vente doit être ciblé et structuré », estime le directeur. Les invendus sont redistribués à des associations d’aide alimentaire : fruits et légumes, charcuterie, pizzas ou encore produits laitiers. Des professionnels animaliers récupèrent les denrées impropres à la consommation, ce qui permet de tendre encore un peu plus vers le « zéro déchet alimentaire ». 

L’objectif de lutte contre le gâchis est revendiqué par le magasin sur de grands panneaux lumineux, largement visibles à quelques mètres des caisses. Cette sensibilisation s’opère également grâce aux membres de Phenix qui viennent directement à la rencontre du public : « les clients sont de plus en plus réceptifs aux points de collecte et aux paniers anti-gaspi qu’on peut précommander via l’appli. Bien sûr, les collaborateurs sont, eux aussi, informés puis formés sur les bonnes pratiques à adopter en matière de réduction des déchets », ajoute le patron de l’hypermarché. Enfin, Phenix vérifie et relève les températures des produits proposés, réalise un suivi des dons effectués pour apporter, si nécessaire, des modifications.

Autre point travaillé par le E. Leclerc de St-Grégoire pour le label anti-gaspi : l’innovation.

Il s’agit ici de mettre en place des processus pour gérer les commandes, les produits non-éligibles à la vente en raison de leur date limite de consommation et de leur non-conformité.

Pour atteindre le niveau 3 (« exemplaire ») de certification du label, le magasin rennais a aussi été jugé sur sa gestion de l’approvisionnement : « on doit justifier une charte fraicheur et passer nos commandes de produits en fonction des saisonnalités », précise Christophe Allain. Par ailleurs, un suivi des achats et des ventes est exigé sur un minimum de deux ans, tout comme une adaptation des conditionnements en fonction des produits vendus. 

Le marché florissant des produits en location et d’occasion

Il n’y a pas que les aliments qui sont concernés par cette volonté d’éviter le gaspillage. Deux espaces spécifiques sont ainsi ouverts dans ce centre commercial pour inciter le public à consommer autrement. Le premier, situé à l’extérieur de la galerie, propose de la location d’articles très variés à des prix avantageux : vélo, barbecue à gaz, tireuse à bière ou enceinte Bluetooth. Le directeur du magasin vante les mérites de ce concept : « pour un étudiant qui a bien souvent des moyens limités, il est préférable de louer un ordinateur plutôt que de l’acheter. Cela lui coûtera beaucoup moins cher. »

L’article est ensuite rendu à l’espace location avant l’étape suivante : sa vente en occasion, dans une autre boutique dédiée et placée face aux caisses. Les clients peuvent d’eux-mêmes proposer au magasin de racheter un produit dont ils souhaitent se séparer et destiné à une seconde vie. Son état est vérifié, son fonctionnement testé et son prix estimé. Affaire conclue puis mise immédiate en rayon, à la vue des chineurs en quête de bonnes affaires : smartphones, robots de cuisine, jeux vidéo, livres ou encore films disponibles en DVD.

Le E. Leclerc de Saint-Grégoire voit même encore plus loin. Avec la refonte intégrale des laboratoires de travail et des quais de réception, de nouveaux projets sont à l’étude. « Notre première priorité concerne la transformation des fruits et légumes qui commencent à s’abîmer. La seconde porte sur l’organisation du flux des déchets. Il faut adopter un processus identifiable et facilement compréhensible. Même par un collaborateur qui vient d’intégrer nos équipes », conclut Christophe Allain. La course à l’anti-gaspi est bel et bien lancée !


RSEEnseigne

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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