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Moi, chef de secteur, métier stratège du monde de la consommation

On les appelle les « commerciaux » ou « fournisseurs » ou « promoteurs ». Les chefs de secteur ont la mission de représenter une ou plusieurs marques.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Ils veillent à l'implantation des produits en rayon ; organisent avec le point de vente les mises en avant ; effectuent des recadrages merchandising dans le rayon. Métier de l'ombre par excellence, le chef de secteur connait ses produits aussi bien que chaque gestionnaire ou chef de rayon avec qui il a à faire.

Le métier de chef de secteur est aussi un métier de contact et nécessite un excellent relationnel : « il faut partir du principe que quand on rentre dans un point de vente, on n'est pas chez nous, certains magasins nous accueillent les bras ouverts, d'autres nous scrutent », raconte ici un jeune chef de secteur, « à nous d'être le plus à l'écoute, le plus diplomate possible. L'intérêt premier est celui du client, mais il ne faut pas oublier que notre mission principale est de vendre nos produits », affirme ici ce chef de secteur.

Dans un contexte où l'expérience client est de plus en plus recherchée par les magasins, les chefs de secteur deviennent des soutiens de poids pour les points de vente pour dynamiser l'offre commerciale : « je dois parfois vendre mon OP au patron du magasin », raconte ici un chef de secteur, « les magasins ont besoin de nous pour faire sensation dans leur point de vente ».

Ces dernières années, le métier a changé. Nombreux ont partagé leur expérience et raconté aussi les problématiques auxquels ils doivent faire face.

« Ma voiture est mon bureau. Depuis des mois, elle est aussi ma cantine » : être commercial GMS par temps du Covid
Ils sont les victimes collatérales des décisions gouvernementales. Avec les restaurants fermés, des magasins qui refusent les rendez-vous et les hôtels au service minimal, les commerciaux GMS ont vu leur quotidien changé ces derniers mois. Certains d’entre eux témoignent.

Un métier sur la route à la rencontre des points de vente

Chef de secteur, c'est un métier classique et une porte d'entrée incontournable pour les jeunes issus d'écoles de commerce. Quand on veut faire carrière dans le monde du commerce, c'est quasiment devenu essentiel de passer par « la case terrain ». « Quand on sort d'école, hormis quelques stages, on n'a aucune idée de la vie des magasins. On doit apprivoiser ce monde pour se faire une place », explique ici ce jeune chef de secteur.

En tant que chef de secteur, « nos journées sont millimétrées. J'ai un plan de tournée à faire chaque jour et je sais quel magasin je vais voir dans la journée », explique ici un confrère, « parfois j'y vais tôt pour monter une OP ; parfois je fais plusieurs kilomètres pour pas grand-chose », explique-t-il. Chef de secteur signifie aussi « aimer la solitude, savoir se motiver seul ».

Selon les marques, les régions, le métier peut varier : « il faut aimer conduire, avoir un bon relationnel, savoir s'adapter, ne pas compter ses heures... On est en moyenne à 50 heures/semaine, mais ça peut être beaucoup plus selon les périodes comme Noël. On peut commencer avant ouverture pour monter les OP », raconte un confrère tout en complétant « cela dit, on a tous nos week-ends ce qui est rare finalement quand on bosse dans le monde du commerce ».

Là pour assurer le commerce entre industriels et distributeurs

Être chef de secteur c'est développer une collaboration forte pour entretenir le commerce. Du côté des chefs de rayon, le métier demeure indispensable pour faire vivre les rayons : « bien sûr que l’on compte sur eux. Après, tout dépend de la relation avec le commercial. Moi, personnellement ceux qui sont juste là pour placer leurs produits sans tenir comptent des besoins du rayon, je ne leur accorde que peu d'importance », témoigne ici un chef de rayon.

« La clé d'un bon chef de secteur c'est qu'il comprenne qu'on doit être dans une relation gagnant-gagnant. Beaucoup ne connaissent pas notre métier, mais c'est important qu'ils se mettent à notre place. On a nos responsabilités. C'est pourquoi j'attends beaucoup d'eux sur la prise en charge de la casse par exemple, la mise en place d'opportunités commerciales, ou même participer a des réimplantations ».

« Le must d'une relation magasin/fournisseurs, c'est que les deux parties comprennent le job de l'un et de l'autre et de la jouer intelligemment ».

« La confiance est aussi essentielle. D'un côté, le chef de rayon a un soutien important lors d'un problème de casse, de libellé, de gencod. De l'autre, le chef de secteur doit comprendre que le magasin sera là pour jouer le jeu ».

La relation est tellement importante que l'absence des chefs de secteur peuvent à l'inverse se faire ressentir : « à mon arrivée dans le rayon, j'ai mis un point d'honneur à faire revenir les commerciaux pour ramener du dynamisme et de la vie aux rayons. Ma direction les refusait jusqu'à présent. Pour moi, j'ai toujours considéré que l'humain était la clé essentielle du commerce », commente-t-elle, « cela dit, la confiance n'exclut pas la méfiance. Il y a parfois des fournisseurs qui abusent de leur position de force », reconnait-elle.

Là aussi pour palier au manque de personnel

Le métier connait toutefois quelques difficultés. Avec le contexte d'inflation, les relations se complexifient : « on se sent que ça se durcit », reconnait ce chef de secteur, « on sent plus de concurrences entre fournisseurs sur les achats, le suivi merchandising, les approvisionnements, la gestion des stocks... Il faut toujours être plus juste, plus vite, plus efficace, moins cher et plus réactif. En pratique rien ne change, mais en coulisses la pression augmente et ça retombe sur les équipes en magasin », commente-t-il ici.

« C'est triste à dire, mais on voit mieux que d'autres les difficultés en point de vente : en 4 ans, la situation a totalement basculé », reconnait ce chef de secteur expérimenté, « entre le ras-le-bol du personnel, des bras en moins, les rayons sont moins bien tenus qu'avant », conséquence : « on nous demande de plus en plus de pallier au manque de personnel des magasins, quitte a nous demander d'aller remplir les rayons des concurrents ou même dans d'autres rayons qui non rien n’a voir avec nos produits ».

En quoi ça consiste le métier de chef de secteur, avec Thibaud Dubois, chef de secteur chez Bonduelle
La passion n’a pas d’âge. Thibaud Dubois est un jeune chef de secteur attaché aux valeurs de l’entreprise qu’il représente, à savoir Bonduelle.

Les marques recherchent l'expérience précieuse d'ex-chef de rayon et gestionnaire

En rayon, le métier de chef de secteur fait parfois rêver. C'est d'ailleurs souvent une reconversion possible pour des gestionnaires ou chef de rayon qui ont plusieurs années d'expérience : « si on estime avoir fait le tour de la GMS, ce poste de chef de secteur est une bonne alternative », explique ici de chef de secteur qui a passé 15 ans en magasin avant de basculer côté industriel. Celui-ci conseille notamment de se poser les bonnes questions avant de choisir ce métier : quel secteur géographique ? Les frais ? Les avantages ? Toutefois, un autre confrère tempère et insiste qu'il « ne faut pas choisir ce métier pour la voiture ou les weekends... Ce sont de mauvaises raisons, car au final, les inconvénients peuvent devenir invivables ».

Au final, le métier de chef de secteur s'avère aussi difficile que passionnant. De nombreux chefs de secteur reconnaissent ce métier comme un tremplin pour « viser des fonctions au siège ». Beaucoup y arrivent après quelques années. D'autres y restent parfois plusieurs années avant de décrocher un autre poste.

Métier

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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