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Comment les bornes de voiture électriques envahissent les parkings de la grande distribution

Grâce à leurs parkings, les enseignes de grande distribution sont en première ligne pour augmenter le nombre de bornes de recharge électrique.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Suite à l’inauguration en novembre de sa première station totalement dédiée à la recharge rapide de véhicules électriques, Lidl propose à ses clients la solution la moins chère du marché. La plus puissante aussi, grâce à la présence d’une borne de recharge à 360 kW. Face à une demande de plus en plus forte des conducteurs, la grande distribution a-t-elle présenté des solutions à la hauteur ? Enquête sur un enjeu environnemental et commercial majeur.

100 000 stations à fin 2022, objectif atteint ?

Fin 2020, le président de la République Emmanuel Macron avait lancé un chantier au but bien défini : offrir aux Français 100.000 points de charge ouverts sur tout le territoire national. Sachant qu’à l’époque le parc en comportait environ 32.000, le défi était immense. Trop peut-être ? On pourrait le penser, puisque selon les statistiques d’Avere-France, 75279 points de recharge seraient actifs au 31 octobre 2022.

Cela dit, et comme le dit le proverbe, « c’est en visant la lune qu’on atteint les étoiles », et sur cette question primordiale de la transition énergétique, l’ambition est toujours préférable à la timidité. En voyant le verre à moitié plein, nous pouvons donc constater que la dynamique positive est bel et bien enclenchée.

Bien entendu, étant donné l’étendue de son maillage sur tout le territoire, la grande distribution est clairement en première ligne pour contribuer au développement des bornes électriques. Plusieurs représentants du secteur ont ainsi décidé de capitaliser sur le succès de la mobilité électrique en proposant déjà des services pour les propriétaires de ce type de véhicules, qui seraient aujourd’hui plus d’un million. Avec un engagement qui varie d’une entreprise à l’autre.

Lidl présente ses « e-stations »

La marque allemande a inauguré le 21 novembre dernier sa première « e-station » Lidl de Villefranche-sur-Saône, au nord de Lyon. Si jusqu’à aujourd’hui l’enseigne proposait déjà ici ou là sur les parkings de certains magasins quelques bornes avec une puissance maximale de 120 kw, l’offre est ici inédite, puisqu’il s’agit là de parkings uniquement dédiés à la recharge. Cette première e-station est recouverte de panneaux photovoltaïques et propose 13 bornes de recharges réparties de la façon suivante :

  • 4 points de recharge accélérés à 22 kW,
  • 4 points  de charge rapide jusqu’à 90 kW,
  • 5 points de recharge ultra-rapide allant de 180 kW à 360kW.

La borne Terra 360, qui délivre une puissance maximale de 360 kW, permet à Lidl de s’offrir le record français, avec le réseau Yaway, en termes d’énergie délivrée. A titre de comparaison, la borne Tesla la plus puissante atteint les 250 kW actuellement. Pour les clients, la présence de bornes rapides et hyper-rapides est une aubaine, puisqu’elle permet  de récupérer 350 km d’autonomie en seulement 15 minutes pour 40 centimes par KWh.

Ouverte 7j/7 et 24h/24, l’e-station Lidl pourrait bien désormais faire office de trublion dans le paysage des stations de recharge électriques de la grande distribution française. Trois autres stations du même type devraient ouvrir en décembre sur les parkings des Lidl de Les Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), Landivisiau (Finistère) et Tourcoing (Nord).

Le législateur incite à l’action

Lors de l’annonce du plan « Objectif 100.000 bornes » en 2020, le gouvernement comptait sur l’engagement des acteurs de la filière automobile, de l’énergie, et bien entendu de la grande distribution. Celui-ci dispose en effet d’un poste d’observation absolument unique, grâce à un foncier répandu dans les quatre coins de France, et d’une clientèle nombreuse. Les enseignes n’ont de toute façon pas vraiment le choix, puisque la loi d'orientation des mobilités (LOM) impose que les parkings de ces commerces aient au minimum 5 % de places équipées de bornes.

Au jour d’aujourd’hui, la quasi majorité des grandes enseignes a mis en place un réseau de bornes sur leurs parkings.

  • Signataire de la charte «Objectif 100.000 bornes »,  Leclerc a en effet rapidement indiqué qu’il créerait 5.000 nouvelles bornes de recharge sur les parkings d’ici à fin 2022, et 10.000 de plus d’ici 2025. Une feuille de route ambitieuse qui lui permet aujourd’hui d’être à la tête d’un maillage composé de plus de 235 parkings sur le territoire national.
  • Système U s’est aussi montré très ambitieux, l’enseigne proposant près de 2.000 bornes d’ici la fin de l’année, sur 60 parkings différents.
  • Outre ses nouvelles e-stations, Lidl propose quant à lui déjà l’accès à 900 points de charge sur tout le territoire national.
  • Carrefour se montre plus discret sur ses chiffres officiels. Le groupe a néanmoins annoncé vouloir équiper ses supermarchés Carrefour market de zones de recharge, en plus des hypermarchés, lesquels seront tous équipés d’ici 2023 de bornes électriques, soit 2.000 unités en tout. D’ici 2015, l’enseigne mise sur 5.000 appareils.
  • Quid de Casino et Auchan ? Les deux groupes offrent également un parc de bornes de recharge, mais moins important (une centaine pour Auchan et quelques dizaines pour Casino)
  • Enfin, l’enseigne Cora, qui  avait longtemps maintenu le secret sur sa stratégie, a dévoilé cet octobre 2022 qu’il s’était associé avec Power Dot pour équiper 30 magasins de bornes de recharge rapide.

Changement de modèle économique

Bien que chaque groupe applique une politique différente, la majeure partie des bornes de recharge en hypermarchés était jusqu’à présent gratuite pour un temps limité (exemple : une heure) ou à prix oscillant entre 25 et 54 centimes le kWh. Or les réalités économiques ont semble-t-il rattrapé les enseignes qui devraient progressivement remplacer la mise à disposition gratuite des bornes de recharge par de nouvelles offres commerciales.

La forte hausse des prix de l’électricité ne rend aujourd’hui plus tenable le modèle de gratuité, même temporaire, instauré par les différentes enseignes. De plus, comme l’indique Jean Gadrat, directeur du pôle borne de recharge de Meridiam dans une interview à France 3, « les bornes gratuites ont atteint leurs limites : il y avait des voitures ventouses, des gens qui venaient recharger et ne faisaient pas leurs courses. »

Une utilisation abusive qui porte clairement préjudice aux clients présents dans les magasins et représente pour les grandes enseignes un risque net de perte de clientèle. Rappelons en effet qu’il existe aujourd’hui plusieurs solutions en ligne ou via les applications permettant de connaître la disponibilité d’une borne de recharge, et un grand nombre d’entre elles se situent sur les parkings des centres commerciaux. Une borne utilisée représentant un client potentiel en moins, les enseignes de grande distribution ont décidé de durcir leurs conditions d’utilisation aujourd’hui de ces appareils de recharge.

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Article le soutien de l'ADEME dans le cadre du plan Agir pour la Transition
RSEEnseigne

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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