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Où en est le déploiement du projet “Top” de Carrefour, chargé de réorganiser la vie des rayons

Le projet “Top”, chargé de réorganiser les équipes des rayons, est en cours de déploiement dans l’enseigne Carrefour. Le test s’est depuis étendu à plusieurs hypermarchés de l’enseigne. Interrogés, les salariés de Carrefour ne semblent pas pleinement convaincus.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Il y a quelques semaines, nous nous sommes penchés sur le déploiement progressif du projet “Top” initié par l’enseigne Carrefour. Un projet ambitieux porté par le nouveau directeur France, Rami Baitiéh, et qui a de quoi secouer les habitudes opérationnelles des équipes sur le terrain.

Cette nouvelle organisation a pour objectif principal de réduire les irritants pour les clients, c’est-à-dire les ruptures, la bonne mise en place des prix et lutter contre le déséquilibre provoqué par le manque de personnel.

Le projet en quelques mots c’est très simple, nous explique ce chef de rayon : « il y a une équipe pour le réassort, 1 équipe pour le facing et 1 équipe pour ranger la réserve ». Le projet suscite beaucoup de débats en interne : « je suis niveau 3 et je suis censé ne plus faire de mise en rayon », raconte un employé de 30 ans d’ancienneté, « sauf que non, j’en fais, et pire, en plein Covid, nous sommes parfois 10 sur une palette, c’est surréaliste ».

Nous avons cherché à en savoir plus.

Le projet Top déployé dans les hypermarchés Carrefour

Quand on interroge les professionnels sur le terrain, le constat est assez clair. Le projet ne donne pas de grandes satisfactions.

« Au Carrefour Denain, nous sommes en test », raconte cet employé, « nous n’avons jamais vu des rayons aussi vides depuis le début du projet », déplore-t-il. Un employé d’un autre magasin complète : « je travaille au drive et depuis le début projet, nous recensons de plus en plus de produits manquants », regrette-t-il tout en ajoutant que malgré l’inefficacité « le projet va être bientôt étendu aux rayons bazar et drive ».

Le constat est à peu près le même au Carrefour de Crèches-sur-Saône qui est en phase de test depuis quelques jours : « c’est le bordel », s’insurge cet employé qui reconnaît un départ poussif au sein des équipes, « on se retrouve avec des TG qui restent pendant 3 jours sans affichage, des ruptures sur l’ensemble des rayons et une pression accrue sur les salariés », concède-t-il.

Nombreux sont les salariés à nous solliciter pour exprimer leur démotivation vis-à-vis du déploiement du projet « soi-disant top ». Le projet, si ambitieux soit-il et indispensable pour améliorer la productivité en magasin, convainc peu en définitive : « au lieu d’améliorer notre travail, c’est une belle perte de temps, la charge de travail est très mal redistribuée », insiste cette salariée de plus de 20 ans d’expérience dans l’enseigne.

Pour le moment, pas question de remettre en question le déploiement du projet. Le déploiement serait d’ailleurs acté pour de nombreux magasins de l’enseigne dans les semaines qui viennent. En attendant, les salariés s’impatientent : « j’espère qu’ils vont vite l’abandonner et qu’on puisse retrouver nos vieilles bonnes habitudes », insiste un autre employé, « c’est du domaine de l’impossible, car le projet réclame une conscience professionnelle multipliée par trois ».

Des similitudes avec le projet EOS, vite enterré

Le projet “Top” porte une profonde ambition des dirigeants de l’enseigne pour améliorer la productivité et l’organisation des rayons. Ces dernières années, de nombreux projets similaires ont vu le jour.

Il est considéré comme le remplaçant du projet “EOS” qui « retirait aux salariés l’idée qu’il avait un rayon à gérer », admet ce responsable, « “TOP” a pour projet de supprimer les heures de nuit, un objectif purement financier ». Pour beaucoup de salariés, le projet EOS « n’était pas viable ».

Le projet “Top” rappelle même un autre projet, celui-ci intitulé « Tous Commerçants » et qui était en déploiement chez Carrefour Market il y a de cela 10 ans. Certains salariés s’en souviennent : « un plantage inégalé dont on paye encore, aujourd’hui les pots cassés de l’aveu même de la direction ».

Toujours est-il que l’enseigne entend poursuivre le déploiement. Affaire à suivre…

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Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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