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Salarié en grande distribution et contaminé par le coronavirus, il raconte

On le sait. On le répète. Être salarié en grande distribution en ce moment, dans cette crise sanitaire que traverse le pays, n’est pas facile. Fortement exposés aux risques de propagation du coronavirus, certains l’ont même ton contracté.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Un premier décès en grande distribution suite à la contamination Covid-19 a été officialisé. L’homme, agent de sécurité, avait 45 ans. Partout en France, ils sont plusieurs milliers, employés, hôtesses de caisse et chaque jour ils côtoient des centaines de clients. Le risque de contamination est plus que jamais élevé pour ces professionnels. Nous avons récolté le témoignage d’un salarié qui a accepté de raconter avant et après ce passage douloureux.

“La semaine avant le confinement, j’étais en congé. Quand j’ai rembauché le lundi, j’ai constaté qu’on n’avait toujours pas de gants et pas de gel hydroalcoolique. Ni rien d’affiché sur les procédures à suivre” raconte ce salarié d’un drive. “Mais ce qui m’a le plus choqué c’est qu’on reprenait toujours les sacs que les clients nous ramenaient. On les ré-utilisait parce qu’apparemment nous n’avions pas le choix parce que le magasin n’avait pas anticipé l’achat de nouveaux sacs”.

Le magasin a tardé à prendre des mesures de précaution pour assurer la sécurité des salariés. En conséquence, pendant le laps de temps, les sacs en retour des clients étaient utilisés pour servir d’autres clients. Autant de manipulations qui ont pu causer la propagation du virus.

“Finalement, c’est qu’à partir de jeudi que avons pu recevoir de nouveaux sacs et donc ne plus réutiliser les sacs usagés des clients”. En revanche, le drive “continue toujours à reprendre les sacs des clients” insiste l’employé.

Des mesures de sécurité prises par le magasin

Au fil des jours et face à la menace, le magasin s’est équipé et a su prendre des mesures fortes à la fois pour assurer la sécurité des clients mais également celles de ses salariés : “maintenant nous avons des gants, du désinfectant pour désinfecter les chariots et les scans. Nous avons également à disposition du gel hydroalcoolique”.

“Nous demandons également aux clients de respecter la distance socialenécessaire d’au moins un mètre” raconte le salarié, “sauf que les clients ne respectent pas toujours cette distance et certains nous frôlent en voulant nous aider à charger les courses dans leur coffre”. Bien qu’insistant auprès des clients de reculer pour limiter le risque de contamination, nombreux sont encore à ignorer les gestes barrières.

“Nous insistons auprès de notre direction pour mettre des affiches sur les pistes ou éventuellement de passer un message radio pour rappeler les gestes barrières que les clients ne respectent pas” réclame l’interrogé. “Nous souhaitons également que les clients gardent leurs sacs usagés jusqu’à nouvel ordre”.

Touché par le coronavirus

Ce qu’il craignait a fini par arriver. “Les premiers symptômes sont apparu quelques jours après : ça a commencé avec un simple mal de tête qui a perduré toute une journée. Malgré la prise de paracétamol, les maux de tête restaient” s’inquiète-t-il. Le lendemain c’est “une sensation de fatigue et de vertige” qui le gagne. Et le surlendemain, “j’ai commencé à avoir un peu mal à la poitrine et être de plus en plus fatigué. Puis, ça c’est aggravé dans la nuit. J’ai été pris de gros vertiges comme si j’étais ivre, complété de maux de tête. Le plus alarmant c’est la gêne respiratoire” raconte l’employé. Encore touché par le Covid-19, il raconte cette “douleur constante aux poumons et cette gêne respiratoire qui persiste”. La journée ce sont “des maux de tête et des vertiges” en position debout. En revanche, “je n’ai pas de fièvre. J’ai juste une sensation de chaleur et des bouffées de chaleur la nuit. Je me réveille souvent en sueur” dit-il.

Touché semble-t-il par le coronavirus, l’employé est actuellement en arrêt-maladie. “J’ai vu mon médecin en téléconsultation. C’est en expliquant mes symptômes que le médecin a soupçonné le Covid-19” explique-t-il. “Sans dépistage officiel, “on ne peut pas être sûr” regrette-t-il. En effet, “seuls  les cas les plus sérieux sont dépistés”.

Comme le rappelle l’employé, “le plus dangereux dans tout ça, c’est que la plupart des gens n’ont pas de symptômes. C’est-à-dire qu’ils passent inaperçus et ils contaminent leur environnement sans le savoir”. “Je suis le seul cas pour le moment dans le magasin” déclare-t-il pour le moment.

En colère contre l’irrespect des clients

Cette proximité avec les clients ne rassure pas ces professionnels. Fortement exposés au risque de contamination du coronavirus, nombreux sont les salariés à demander aux clients de respecter les gestes barrières.

“Nous avons évidemment des clients qui nous soutiennent qui nous souhaitent bon courage” indique-t-il, “les gens prennent de plus en plus conscience de nos difficultés” ajoute-t-il.

Ceci étant, les remarques des clients sont aussi en sens inverse : “on a aussi des clients qui ont des petites remarques déplaisantes” dit-il avant de nous raconter : “Un jour j’ai eu 2 clients qui nous demandaient si on avait beaucoup de travail. Je leur ai dit oui et ils m’ont répondu avec un large sourire “au moins ça vous fait une occupation””.

D’autres clients “râlent parce qu’on leur demande de respecter les distances de sécurité et d’autres parce qu’ils n’ont pas trouvé les produits qu’ils voulaient. Ils ne comprennent pas qu’on peut avoir beaucoup de rupture vu les circonstances”.

Métier

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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