Gaëlle Le Floch, experte du marché de la grande distribution chez Kantar, décrypte les grandes tendances qui façonnent le secteur en 2025. Entre reprise fragile, fragmentation des courses et quête de la bonne affaire, analyse d'un marché en pleine recomposition.
Le marché des PGC et du frais libre-service affiche des signes de reprise en 2025, mais celle-ci reste fragile et marquée par des comportements consommateurs profondément transformés par deux années d'inflation historique. Une étude menée par Kantar livre des enseignements précieux sur l'état du secteur et les défis à venir.
Une reprise post-inflation encore timide
Le contexte de ces deux dernières années a profondément marqué les comportements d'achat. « On parle de reprise parce qu'il ne faut pas oublier que pendant les deux années précédentes, on était dans un contexte fortement inflationniste sur beaucoup de secteurs, mais notamment les marchés alimentaires. Ces niveaux d'inflation-là, c'était du jamais vu pour un consommateur moyen français », rappelle Gaëlle Le Floch.
L'impact sur les volumes d'achat a été sans précédent : « Ça a impacté très fortement à la baisse, c'est leurs achats. On était sur des baisses des achats en volume, qui était du jamais vu. En dehors, on va dire, de la crise de 2008 où là effectivement on était à moins 1,2%. On s'est retrouvé pendant plus de deux ans sur des décroissances volumes des quantités achetées par les ménages français. »
Les arbitrages ont été douloureux pour de nombreux foyers : « Il y a eu des arbitrages qui ont été faits clairement au détriment de l'alimentation pour essayer de préserver notamment les dépenses contraintes sur lesquelles très peu de marge de manœuvre. »
« Les signes de reprise sont très timides, ce qui montre la fragilité de la situation. Les consommateurs se disent encore très méfiants et préfèrent épargner plutôt que dépenser. »
Le gaspillage, variable d'ajustement
Une dimension souvent méconnue a permis d'amortir partiellement cette baisse : « On peut acheter moins sans forcément manger moins. Avec 28 kilos de nourriture jetés par individu chaque année, la réduction du gaspillage permet de maintenir un certain niveau d'alimentation tout en achetant moins. »
Mais tous les foyers n'ont pas été égaux face à cette crise : « Ce n'est pas le cas de tout le monde, auprès des familles, auprès des plus jeunes qui auraient été les plus impactés par ces contractions de dépenses et de quantités achetées. »