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Anti-Gaspi en Grande Distribution : Quand la lutte contre le gaspillage devient un levier de performance économique et sociale

Anti-Gaspi en Grande Distribution : Quand la lutte contre le gaspillage devient un levier de performance économique et sociale

La lutte contre le gaspillage alimentaire n'est plus une initiative isolée dans la grande distribution : elle s'impose désormais comme une composante structurante de la performance opérationnelle et RSE des enseignes. En 2024, cette réalité se confirme par des chiffres éloquents issus du Baromètre Phenix 2025, qui analyse les données de 253 magasins répartis sur l'ensemble du territoire (69% de supermarchés, 31% d'hypermarchés). Cette étude révèle comment une démarche anti-gaspi structurée et méthodique transforme la casse alimentaire en opportunité de rentabilité, d'impact social et de responsabilité environnementale.

PROPOSÉ PAR PHENIX
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Baromètre anti gaspi : où en est-on en grande distribution ?

Le gaspillage alimentaire représente 8% du gaspillage total en France (Eurostat 2024). Pour un supermarché, cela équivaut à 300 000€ de pertes par an, et jusqu’à 760 000€ pour un hypermarché. Depuis dix ans, les distributeurs ont fait de l’anti-gaspi un levier clé de performance économique, sociale et environnementale.

L’édition 2025 du Baromètre de l’anti-gaspi dévoile une étude exclusive menée auprès de 250 magasins en France : un état des lieux des pratiques 2024 et un guide pour transformer les invendus en opportunités.

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Section 1 : La casse brute, un enjeu financier non négligeable

La réalité de la casse brute dans la grande distribution représente un défi économique majeur. Les données 2024 montrent que le taux de casse brute moyen se stabilise à 1,5% du chiffre d'affaires en supermarchés et 1,1% en hypermarchés. Bien que ces taux soient considérés comme maîtrisés, ils se traduisent par des pertes financières considérables : environ 200 000€ par an pour un supermarché réalisant 15M€ de chiffre d'affaires, et près de 550 000€ pour un hypermarché de 50M€.

Les rayons les plus exposés sont identifiés avec précision : en supermarché, la Boucherie Libre-Service affiche un taux de casse de 7,9% et la Marée Libre-Service de 6,9%. Ces rayons frais, par leur nature périssable, constituent les points critiques où se concentrent à la fois le risque financier et le potentiel de revalorisation. Les Fruits et Légumes figurent également parmi les rayons à forte casse.

La saisonnalité joue un rôle déterminant : les produits festifs en décembre-janvier et les produits estivaux en juillet-août accentuent les variations de casse. L'enjeu n'est donc plus de constater la casse, mais bien de la transformer systématiquement en valeur, qu'elle soit économique, sociale ou environnementale.

Section 2 : Les 4 leviers de la revalorisation

Face à cette réalité, les magasins les plus performants déploient une stratégie coordonnée articulée autour de quatre leviers complémentaires, permettant d'atteindre un taux de revalorisation de 82% en moyenne :

Le Stickage constitue le premier rempart contre la perte sèche. En proposant des réductions tarifaires sur les produits proches de leur date limite de consommation, les magasins maintiennent une activité commerciale tout en préservant leurs marges. Cette pratique a été particulièrement renforcée par le contexte inflationniste, avec une progression de 29% entre 2022 et 2024. Elle est plus marquée dans les hypermarchés. Les rayons les plus stickés en valeur sont la Boucherie LS et la Charcuterie LS, confirmant le double enjeu de ces rayons à forte casse.

Le Don alimentaire représente le pilier solidaire de cette stratégie. En redistribuant les invendus encore consommables à des associations partenaires, les enseignes génèrent une valeur sociale considérable : 62 000€ de dons en moyenne par an pour un supermarché et 164 000€ pour un hypermarché. Les rayons qui donnent le plus en valeur sont les Fruits et Légumes et l'Épicerie, démontrant la complémentarité des solutions selon les catégories de produits.

Les Paniers anti-gaspi offrent une solution complémentaire particulièrement efficace pour les rayons traditionnels (traiteur, boulangerie) où le don et le stickage sont limités par la réglementation. Cette approche combine accessibilité économique pour les consommateurs et écoulement maîtrisé des stocks. Les magasins les plus performants atteignent jusqu'à 97% de taux de vente sur leurs paniers, prouvant la pertinence du dispositif.

L'Alimentation animale complète ce dispositif en permettant de valoriser des produits non redistribuables en alimentation humaine. Ce débouché, bien que discret, génère des économies moyennes sur les biodéchets de 3 250€ en supermarché et 7 500€ en hypermarché, tout en évitant des tonnes de déchets.

Section 3 : les impacts mesurables

Au-delà de la méthodologie, ce sont les résultats concrets de 2024 qui valident l'approche anti-gaspi structurée.

Sur le plan social, l'impact est directement quantifiable : les supermarchés ont permis de sauver 89 000 repas en 2024, tandis que les hypermarchés ont atteint plus de 220 000 repas sauvés grâce à leur surface de vente et leur assortiment plus large. Cette contribution à la solidarité territoriale renforce l'ancrage local des enseignes.

Sur le plan économique, les gains sont tout aussi significatifs. Les enseignes les plus performantes ont généré des bénéfices financiers substantiels : les hypermarchés peuvent réaliser jusqu'à 432 656 euros de gains par point de vente en optimisant leurs circuits de revalorisation. Ces montants ne sont pas théoriques : ils représentent des marges préservées par le stickage, des coûts de destruction évités et des revenus générés par les solutions de valorisation.

La certification Label anti-gaspi, lancée en 2023, fait la différence : les magasins labellisés évitent 107 tonnes de déchets en moyenne, contre 65 tonnes pour les magasins non-labellisés. Cette reconnaissance d'État valide et valorise les pratiques d'excellence, créant un cercle vertueux de progrès.

Cette triple dimension sociale, économique et environnementale démontre que l'anti-gaspi n'est pas un arbitrage entre performance et responsabilité, mais bien une convergence des trois piliers du développement durable.


Les données 2024 établissent un constat sans équivoque : l'excellence en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire est en passe de devenir la norme dans la grande distribution française. Les écarts de performance entre magasins pionniers (82% de revalorisation) et magasins moyens ne reflètent pas des différences structurelles insurmontables, mais bien des niveaux de maturité organisationnelle liés au pilotage rigoureux, à l'anticipation des dates et à la gestion des stocks.

Le Label anti-gaspi joue un rôle moteur dans cette dynamique d'excellence. Il fixe un référentiel exigeant et crée une émulation vertueuse au sein des enseignes, comme en témoignent les 42 tonnes supplémentaires de déchets évitées par les magasins certifiés.

L'ambition pour 2026 est claire : faire de l'excellence anti-gaspi une norme sectorielle, et non plus une exception vertueuse. Cette généralisation suppose un engagement renouvelé des directions d'enseignes et des équipes RSE, mais surtout une conviction partagée : la lutte contre le gaspillage alimentaire n'est plus une contrainte réglementaire ou une démarche cosmétique, c'est un levier stratégique de performance globale qui réconcilie rentabilité économique, impact social et responsabilité environnementale.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Il ne reste plus qu'à transformer cette démonstration en action systématique, en capitalisant sur les quatre leviers de revalorisation et en généralisant les pratiques des magasins les plus avancés.

Carte des régions où il y a le plus de magasins labelisés

https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/liste_labellises-03-07-24.pdf