Le marché français des œufs : une révolution silencieuse en dix ans

Le marché français des œufs : une révolution silencieuse en dix ans

Entre 2014 et 2024, le secteur des œufs en France a connu une transformation radicale. Fini le temps où trois œufs sur quatre provenaient d'élevages en cage : aujourd'hui, la tendance s'est complètement inversée, portée par une demande croissante pour des produits plus respectueux du bien-être animal.

Une production stable mais des valeurs qui s'envolent

La France maintient sa position de leader européen avec une production oscillant entre 14 et 15,7 milliards d'œufs annuels sur la décennie. Après avoir atteint un record historique de 15,7 milliards d'œufs en 2020 (+4,9% par rapport à 2019), boostée par les confinements et la consommation à domicile, la production s'est stabilisée autour de 15,4 milliards d'œufs en 2024.

Cette stabilité en volume cache une explosion en valeur : le marché français est passé d'environ 1 milliard d'euros en 2014 à près de 1,8 milliard d'euros en 2024. Une progression de 80% qui s'explique par la montée en gamme des produits et l'inflation récente des coûts de production.

La révolution du bien-être animal

Le changement le plus spectaculaire concerne les modes d'élevage. En l'espace de dix ans, la filière française a opéré une mutation historique : les œufs issus d'élevages alternatifs (plein air, au sol, bio, Label Rouge) sont passés de 20-30% du volume en 2014 à plus de 77% en 2024.

Cette transformation répond à une demande sociétale forte. Dès 2019, plus d'un œuf sur deux provenait déjà d'élevages alternatifs (53%), dépassant l'objectif fixé pour 2022. La progression s'est poursuivie avec 67% en 2021, puis 77% fin 2024.

Dans le détail, les œufs de plein air dominent désormais avec 45% du marché total, suivis des œufs au sol (19%), bio (11%) et Label Rouge (5%). À l'inverse, les œufs de cage aménagée ont chuté de 70-80% à moins de 25% de part de marché.

L'âge d'or du bio... puis le retour sur terre

Les œufs biologiques ont connu une trajectoire en montagne russe. Leur part de marché a explosé de 4% en 2014 à un pic de 18% en 2019, avant de redescendre progressivement à environ 7% en 2024. Cette inflexion s'explique par l'arbitrage budgétaire des consommateurs, qui se tournent vers le plein air ou les œufs au sol, moins onéreux mais toujours respectueux du bien-être animal.

Malgré ce recul en volume, les œufs bio conservent une valeur disproportionnée : ils représentaient encore 39% de la valeur totale du marché en 2020, grâce à leur prix unitaire plus élevé.

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