La France, avec ses plus de 80 espèces et 2000 variétés de fruits et légumes, dispose d'un patrimoine agricole d'une richesse exceptionnelle. Pourtant, cette diversité ne suffit plus à masquer les fragilités croissantes d'une filière en pleine mutation. Entre 2000 et 2020, l'Hexagone a vu se dégrader significativement son taux d'approvisionnement et sa balance commerciale dans ce secteur stratégique, poussant le gouvernement à lancer en mars 2023 un plan de souveraineté ambitieux visant à augmenter l'autosuffisance de 5 points d'ici 2030 et de 10 points d'ici 2035.
Une étude du ministère de l'agriculture présente u bilan des filières fruits et légumes françaises puis présente quatre scénarios d’évolutions possibles d'ici 2040
Une filière en pleine restructuration
La filière française des fruits et légumes se caractérise aujourd'hui par un mouvement de concentration marqué. En 2020, la France métropolitaine comptait 43 720 exploitations cultivant des fruits et légumes, témoignant d'une évolution contrastée : tandis que le nombre d'exploitations fruitières a diminué de 11% entre 2010 et 2020, celui des légumières a progressé de 9%. Cette réorganisation s'accompagne d'une croissance des surfaces totales de 14% sur la même période, principalement portée par les légumes.
Cette concentration n'est pas sans conséquences sur les modes de production. Les surfaces en agriculture biologique, qui représentent désormais 28% des surfaces de fruits et légumes, voient leur croissance s'essouffler ces dernières années. Parallèlement, de nouveaux labels privés émergent, comme "Vergers écoresponsables" ou "Zéro Résidu de Pesticides", traduisant une recherche d'adaptation aux attentes des consommateurs, même si leur reconnaissance marchande reste un défi, particulièrement en période d'inflation.
L'organisation professionnelle de la filière s'appuie sur un réseau d'interprofessions spécialisées, avec INTERFEL pour le frais et l'ANIFELT pour le transformé. Les Organisations de Producteurs et leurs associations, soutenues par les Programmes Opérationnels européens, jouent un rôle croissant dans la structuration du marché. En 2023, 173 des 220 OP/AOP françaises bénéficiaient de ces financements européens, illustrant la vitalité de cette organisation collective.