Depuis son déploiement dans les magasins Aldi, l’outil de gestion des commandes Relex, fondé sur l’intelligence artificielle, suscite de nombreuses réactions. Présenté comme une avancée majeure pour optimiser les stocks, il cristallise aujourd’hui les tensions entre promesses technologiques et réalité du terrain. Témoignages de plusieurs responsables de magasin de l'enseigne.
Un outil intelligent… en théorie
Pensé pour affiner la prévision des ventes, Relex s’appuie sur les données des cinq dernières années, là où les anciens systèmes se contentaient de cinq semaines. Il est censé anticiper les événements saisonniers, ajuster automatiquement les besoins et réapprovisionner sans intervention humaine.
Comme l’explique une employée expérimentée, « Relex tient compte des événements spécifiques, plus besoin de mettre de coef d’accélération ou des leviers l’été ». Autre avantage mis en avant : « Les collaborateurs ne touchent plus aux stocks marchand, ces derniers sont automatiquement recalculés chaque semaine », explique ici une responsable de magasin de l'enseigne.
Certains, comme ce responsable, estiment d’ailleurs que « ça marche plutôt pas mal », à condition que les bases soient bien posées. Une autre responsable opérationnelle précise : « Avant le déploiement, il faut bien traiter la liste des stock mini communiquée par votre CMAS, sinon vous risquez un très gros arrivage au départ. Après, ça se lisse dans le temps », relate-t-elle.
Mais sur le terrain, la réalité est plus contrastée
Malgré ces intentions louables, de nombreux salariés alertent sur des dysfonctionnements majeurs. Surstocks d’un côté, ruptures de l’autre : l’outil semble parfois totalement déconnecté de la réalité.
« Trois tonnes de stock, autant de ruptures », s’exaspère un employé en magasin. Dans les rayons frais, les erreurs d’anticipation sont particulièrement visibles. Une employée du secteur frais résume : « Rayon frais, que des soucis… mais pour les chips, impeccable ». Le contraste est saisissant et met en lumière un paramétrage inégal selon les familles de produits.
Plus grave, des collaborateurs signalent une perte de maîtrise locale sur leurs propres rayons. « Des produits rentrent sans arrêt malgré de faibles ventes, d’autres ne rentrent pas alors que tout est bien paramétré », déplore un responsable de magasin, avant de conclure, amer : « Bonjour les pertes ! », explique-t-il avec regrets.