À Nantes, au cœur du quartier de Dolon-Gohard , Good Pousse cultive en toute discrétion un trésor de verdure : des micro-pousses croquantes, naturelles et incroyablement riches en nutriments. Derrière cette ferme atypique, il y a Gérald Cartaud. un producteur passionné qui milite pour une agriculture plus vivante, plus saine, et plus responsable. Reportage.
Cultiver la micro-nutrition avec un écosystème vivant
Les micro-pousses sont ces jeunes pousses de graines potagères et autres légumineuses récoltées au stade du cotylédon, juste avant l’apparition de la vraie feuille. Et elles ont tout pour plaire : « On est vraiment dans la micronutrition. C’est ce qui nous maintient en bonne santé », explique Gérald. Très concentrées en vitamines, minéraux et antioxydants, elles contiennent « jusqu ‘à 40 fois plus de micro-nutriments que la plante adulte », un véritable shoot de vitalité pour l’organisme, et tout cela sans calories.
L’atout supplémentaire ? « On les mange crus, donc il n’y a pas de perte. » les minéraux, vitamines et antioxydants sont non seulement concentrés mais se présentent sous une forme particulièrement assimilable par l’organisme
Mais derrière la légèreté et la finesse des produits, la réalité de la ferme est dense, rapide et exigeante : « Ça va très très vite. La production exige beaucoup de travail ». Le cycle de culture ne dure que quelques jours, et chaque plateau demande une attention constante.
À cela s’ajoute un engagement fort pour une agriculture vivante. Contrairement aux cultures hors-sol, Good Pousse a choisi de cultiver sur sol végétal, composté à la ferme. Gérald montre son compost avec fierté : « C’est du bois broyé enrichi avec les déchets de culture. Après récolte, on le récupère et on le composte à nouveau. En trois mois, on obtient un compost complètement stabilisé et réutilisable pour la production de micro-pousses. »
Et ce compost, il le connaît par cœur : « Ça sent la litière forestière. Il n’y a pas d’effluents animaux, mais plein de vers de terre, de champignons, de bactéries. C’est notre écosystème.
Repenser le bio pour qu’il reste durable
Cette approche artisanale et durable ne rentre pas toujours dans les cases des labels officiels. Notamment le label bio, que Good Pousse par la force des chose n’a pas choisi de suivre : : « Le cahier des charges bio nous demande d’utiliser des substrats de culture inerte à usage unique, générant ainsi des déchets » « avant même la mise en place de ce cahier des charges nous avions déjà choisi de travailler dans le vivant et avec le vivant et de viser l’autonomie, ce sont des principes forts pour nous, tanpis pour la certification ! ».
Au-delà de ça, nous achetons toutes nos semences certifiées bio, c’est d’ailleurs notre seul intrant ». L’éthique, ici, ne s’arrête pas aux normes. Elle les dépasse.
Le modèle de production est circulaire, local et sans chimie. Aucun engrais, aucun fertilisant, aucune lumière artificielle : « Nos plantes bénéficient de la lumière naturelle, cultivées sous serre, sur un sol végétal vivant recyclé à la ferme ».
Et côté emballages, même exigence : les barquettes sont en P.L.A., un matériau fabriqué à partir d’amidon, 100 % biodégradable.
Du local à grande échelle, en toute discrétion
Si l’approche est artisanale, la capacité de production est bien réelle. Gérald l’assure : « Ce n’est pas les quantités qui nous font peur. On est capables de produire. » Il évoque avec fierté une collaboration régulière avec la cuisine centrale de Nantes depuis 3 ans : « Il nous arrive de travailler avec la restauration collective. Une fois par mois, parfois plus. On fournit les 90 écoles de Nantes, pour 16 000 enfants. Selon les espèces demandées une équipe de 4 à 5 personnes suffise pour préparer entre 40 et 90 kg de micro-pousses. »
Le vrai défi, ce n’est pas produire. C’est faire connaître le produit. Gérald en parle sans détour : « Je suis peut-être pas très fort en communication. Les réseaux sociaux, je ne sais pas faire. Et ça nous manque cruellement. » Pourtant, il le sait, l’ adhésion peut être souvent immédiate : « Quand on fait goûter, les gens sont bluffés par le goût. Et puis ils se disent qu’en mangeant des micro-pousses, ils se font du bien. »
Good Pousse a déjà conquis des chefs nantais et d’ailleurs, des supermarchés locaux, des magasins bio… mais reste encore largement à les faire découvrir par le grand public. Un paradoxe, tant le produit est facile à cuisiner : en salade, en topping, en sandwich, sur un plat chaud… « On prend plaisir à les manger. C’est autre chose qu’une salade classique. »
Cultiver autrement, à l’échelle d’une ville
En cultivant à Nantes, sur des anciennes terres maraîchères au cœur de la ville, Gérald ne fait pas seulement pousser des plantes. Il recrée un lien. Un lien entre nutrition, agriculture, écologie, plaisir et santé.
Son modèle repose sur des valeurs simples mais puissantes : LOCAL. FRAIS. NATUREL. À CROQUER.
Et derrière chaque barquette, il y a un choix : celui de privilégier la qualité au label, le vivant au jetable, la santé au marketing.
Good Pousse n’est pas seulement un producteur. C’est une ferme urbaine engagée, qui invente une autre façon de produire, de manger… et de prendre soin de soi.