À seulement 27 ans, il est directeur d’un hyper Leclerc : le parcours de Mathieu Dinasquet

L'ascenseur social existe, à condition de s'en donner les moyens.
À seulement 27 ans, il est directeur d’un hyper Leclerc : le parcours de Mathieu Dinasquet

À seulement 27 ans, Mathieu Dinasquet incarne cette nouvelle génération de directeurs engagés, passionnés par le commerce et profondément ancrés dans leur territoire. Ce fils d’agriculteurs, passé par la boucherie, dirige aujourd'hui le Leclerc de Châteauneuf-du-Faou, un magasin de 2900 m² au cœur du Finistère. Son parcours est le reflet d’une ascension fondée sur le travail, la proximité et une vision humaine du management. Interview sur le podcast.

Un parcours forgé par le terrain et la passion du commerce

Mathieu débute très jeune en tant qu'apprenti boucher à l'Intermarché de Châteauneuf. Après une expérience entrepreneuriale où il lançait sa propre boucherie — qui a atteint les 200 000€ de CA annuel – , il rejoint le Leclerc de Châteauneuf pour ouvrir un rayon boucherie traditionnel. « Ce qui me plaisait, c'était de revenir dans ma commune, d’ouvrir un rayon en travaillant avec les producteurs locaux, pas seulement mes parents », explique-t-il.

Issu d’une famille d’éleveurs de vaches limousines, il cultive un ancrage local qui plaît à ses clients : « Les clients apprécient de me voir proche des animaux et, en même temps, dans le magasin. C’est du vrai local », insiste notre invité.

À seulement 20 ans, alors que le boucher en poste démissionne, il propose alors sa candidature pour devenir responsable de la boucherie. Il se souvient : « C’était un vrai challenge pour mes adhérents de confier la responsabilité à un jeune boucher de 20 ans », se souvient-il. Sous son impulsion, l'équipe passe de deux à cinq personnes, et son rayon devient un moteur important pour le développement du magasin.

Cette dynamique accompagne l'agrandissement du magasin, passé de 2200 à 2900 m², avec l'ajout d'une poissonnerie, d'un drive, d'un parking couvert et d'une boulangerie-pâtisserie maison. Aujourd'hui, le Leclerc de Châteauneuf réalise 26 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel – contre 14 millions il y a 7 ans –, mobilisant 80 salariés et quinze managers.

Si sa progression a été rapide, Mathieu l’assume pleinement : « J'ai toujours voulu aller le plus loin possible dans tout ce que je faisais. Et en arrivant au Leclerc, je savais que je ne resterais pas juste boucher », admet Mathieu.

Mathieu aux côtés de Michel-Édouard Leclerc lors de la remise du diplôme Néoma.
Mathieu aux côtés de Michel-Édouard Leclerc lors de la remise du diplôme Néoma.

Un management de proximité, entre rigueur et bienveillance

Le quotidien de Mathieu est marqué par une présence forte au contact des équipes : « Chaque matin, j’essaie de faire le tour de toutes les équipes pour prendre la température, voir où ça va, où ça coince », raconte-t-il. Cette implication directe est précieuse dans un magasin de taille moyenne, où la polyvalence est indispensable : « Aujourd'hui, je peux remplacer quasiment tous les postes du magasin » sourit notre invité.

Son approche repose avant tout sur la passion : « Ce que je préfère, c’est l’imprévu au quotidien, que ce soit avec les clients ou avec les équipes », explique Mathieu. Cette capacité à s’adapter rapidement est un atout majeur dans un environnement aussi vivant que la grande distribution.

Interrogé sur son style de management, il se décrit avec humilité : « J’essaie d’être bienveillant. Je suis plutôt droit, dur, mais juste ». Cette exigence, il la doit à son éducation dans le monde agricole : « J'ai été baigné dans le travail dès mon plus jeune âge ».

Très attentif aux évolutions de la société, il observe que les priorités des collaborateurs ont changé : « Aujourd'hui, beaucoup de salariés placent leur vie privée avant leur vie professionnelle, ce qui n'était pas le cas il y a encore quelques années ». Même si certaines incompréhensions subsistent entre les générations, il s’efforce d’adapter son management à ces nouvelles attentes.

Sur la formation des jeunes, Mathieu est convaincu qu’il faut leur laisser le temps de s’adapter : « Il faut énormément de temps pour former un jeune. Beaucoup n'ont jamais travaillé, certains n'ont même jamais fait leurs propres courses », reconnaît le jeune directeur. Ce temps d’apprentissage est essentiel pour favoriser l'intégration, tout comme la priorité qu'il accorde au savoir-être : « Le savoir-faire, ça s'apprend. Mais il faut avoir l'envie, la bonne attitude », poursuit notre invité.

Il illustre cet engagement par son expérience de transmission : « J'ai formé mon propre remplaçant à la boucherie, qui n'était pas du milieu. On l'a fait passer un CAP en candidat libre, et aujourd'hui, ça se passe très bien », raconte-t-il.

Et demain ? Une ambition tournée vers l’avenir

Fidèle à l'esprit entrepreneurial de l'enseigne Leclerc, Mathieu voit plus loin que son poste actuel : « Ce serait dommage d'être directeur à 27 ans et de ne pas vouloir aller plus loin », sourit-il. S’il est reconnaissant envers ses adhérents actuels, qui ont cru en lui et l'ont formé, il envisage déjà la perspective de devenir adhérent dans les années à venir.

Concernant l’avenir de la grande distribution, il reste confiant : « Les gens auront toujours besoin de manger. Les canaux de vente vont évoluer, comme ils l’ont déjà fait avec le drive ou la livraison à domicile, mais l’essentiel restera », admet Mathieu.

Son conseil aux jeunes qui hésiteraient à se lancer dans le commerce est clair : « N’ayez pas peur du travail. Avec du travail, de l'envie et un peu d'opportunité, tout est possible ».

À travers son engagement, son exigence et sa passion du commerce, Mathieu Dinasquet montre que la grande distribution indépendante a encore de beaux jours devant elle, portée par une génération qui conjugue tradition, proximité et agilité.

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Au programme de cette édition : 40 pages pour comprendre où va le commerce et comment le métier de chef de rayon évolue. Un regard de la grande distribution, vue du terrain, avec des chiffres clés, des témoignages bruts : dans ce magazine, on raconte le quotidien d’aujourd’hui et on explore les enjeux de demain.

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